Alors que le débat autour de l’instauration d’une République fédérale en République démocratique du Congo (RDC) divise la classe politique, une voix s’élève pour déplacer le curseur du débat. Patient Sayiba, ancien Directeur Général de l’OGEFREM, appelle à une introspection collective sur le véritable enjeu du développement du pays : l’homme congolais lui-même.
Dans une déclaration forte, teintée d’un réalisme sans détour, Sayiba affirme que le mal congolais ne se trouve ni dans la forme unitaire actuelle de l’État, ni dans un hypothétique fédéralisme, mais dans la défaillance morale et éthique de l’élite et des citoyens. Citant l’ancien président Joseph Kabila, il rappelle que le plus grand regret de ce dernier était de ne pas avoir pu « changer l’homme congolais ».
« Cette confession, lourde de sens, résume l’échec d’un système qui a longtemps misé sur les structures plutôt que sur les valeurs », insiste-t-il, avant d’ajouter que toute réforme institutionnelle restera vaine tant que la corruption, l’impunité et l’irresponsabilité domineront la sphère publique.
Pour Sayiba, la solution durable pour la RDC ne réside pas dans l’importation de modèles étrangers – qu’il s’agisse d’un centralisme hérité ou d’un fédéralisme inspiré d’ailleurs – mais dans la construction d’un modèle de gouvernance enraciné dans l’histoire, la culture et les réalités congolaises.
Il appelle à la conclusion d’un pacte moral national, engageant chaque acteur, du sommet de l’État jusqu’au niveau local, à être redevable devant le peuple et la loi. Ce modèle de société, dit-il, doit se fonder sur la compétence, l’éthique, la responsabilité et la justice.
« Ce n’est pas la forme de l’État qui sauvera la nation, mais la formation de femmes et d’hommes nouveaux », conclut-il, posant ainsi les bases d’un débat de fond sur la gouvernance et les valeurs dans un pays en quête de renaissance.