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samedi, juin 28, 2025

L’Ouganda exige l’expulsion des “mercenaires blancs” en RDC

L’Ouganda a lancé un appel sans équivoque à l’expulsion des mercenaires étrangers opérant en République Démocratique du Congo (RDC), en particulier ceux de nationalité occidentale, qu’il qualifie de “mercenaires blancs”. Cette déclaration survient dans un contexte déjà tendu à l’Est de la RDC, où la situation militaire et politique reste fragile, exacerbée par des acteurs internationaux et des groupes armés locaux.

Le général Muhoozi Kainerugaba, chef de l’armée ougandaise et fils du président Yoweri Museveni, a émis des propos fermes à l’encontre de ces mercenaires : “Tous les mercenaires blancs de Goma et de Sake doivent être fusillés sur place ! Ce sont des ennemis de l’Afrique. Nous en avons capturé un certain nombre.” Ces déclarations ont choqué et alimenté des tensions diplomatiques dans la région, notamment avec la RDC.

Les « mercenaires blancs » sont des combattants étrangers, souvent des ex-soldats ou des consultants militaires privés, qui seraient employés par le gouvernement congolais pour soutenir l’armée nationale (FARDC) dans la lutte contre les groupes armés dans l’Est du pays. L’Armée de la République Démocratique du Congo (FARDC) est actuellement confrontée à une multitude de factions, dont le M23, accusé de soutien par le Rwanda et l’Ouganda, un fait qui alimente les suspicions et les accusations croisées entre les pays voisins.

Des accusations de double jeu

Le général Kainerugaba, dans ses propos, a également déploré le rôle présumé du Rwanda, tout en saluant son président Paul Kagame comme un homme de paix : “Le président Kagame est un homme extrêmement pacifique. Je sais qu’il veut la paix en RDC.” Toutefois, le rapprochement avec Kagame est perçu par certains comme une tentative d’apaiser les tensions régionales, tout en adressant des critiques voilées à Kinshasa.

Kainerugaba a annoncé son intention de rendre visite au président congolais Félix Tshisekedi, en soulignant la nécessité de discuter de la paix en RDC, qui reste un point focal dans la diplomatie régionale : “Je vais rendre visite à mon grand frère, S.E. Tshisekedi, pour demander la paix,” a-t-il ajouté.

Un contexte régional complexe

L’implication de l’Ouganda et du Rwanda dans la crise de l’Est de la RDC ne date pas d’hier. Les deux pays ont des intérêts stratégiques et économiques dans la région, notamment à travers les ressources naturelles de la RDC et les routes commerciales, et sont régulièrement accusés de soutenir des groupes armés en RDC pour atteindre leurs objectifs. Les accusations d’armement ou de soutien direct aux rebelles du M23 ont d’ailleurs été au cœur des tensions diplomatiques entre la RDC, le Rwanda et l’Ouganda ces dernières années.

Le rôle de l’ONU, qui déploie depuis 1999 la MONUSCO (Mission de l’Organisation des Nations Unies pour la Stabilité en République Démocratique du Congo), reste également ambigu, avec des critiques sur son efficacité à stabiliser la région face à la violence des groupes armés et des milices locales. Certains analystes estiment que la présence de mercenaires étrangers, en particulier ceux venus d’Occident, ajoute une dimension de guerre par procuration, compliquant davantage les efforts pour une paix durable.

Réactions internationales et appel à la diplomatie

Les propos du général Kainerugaba ont suscité des réactions mitigées. Du côté de la communauté internationale, certains dénoncent les menaces de violence contre des civils et des travailleurs étrangers, quel que soit leur rôle, tandis que d’autres appellent à des discussions de paix immédiates. La France et les États-Unis ont exprimé leurs préoccupations concernant l’escalade des tensions et ont réitéré leur soutien à un processus de paix inclusif et dirigé par les Congolais.

Le ministre congolais des Affaires étrangères, Christophe Lutundula, a qualifié les déclarations du général Kainerugaba de “provocation” et a rappelé que la RDC n’accepte aucune ingérence extérieure dans ses affaires internes. La diplomatie de Tshisekedi reste centrée sur un dialogue interne pour apaiser la situation à l’Est, tout en cherchant à consolider l’intégrité territoriale de son pays face aux puissances régionales.

Conclusion : une situation en évolution

Alors que l’Ouganda réclame la fin de l’implication des mercenaires étrangers en RDC, la situation reste volatile et complexe. Les relations entre les pays voisins de la région des Grands Lacs continuent d’évoluer dans un contexte de luttes pour le pouvoir, de rivalités ethniques et de conflits armés prolongés. Il reste à voir si la diplomatie, incarnée par la visite annoncée de Kainerugaba à Tshisekedi, permettra de débloquer la situation, ou si ces déclarations ouvriront une nouvelle phase de tensions dans cette région déjà meurtrie par des décennies de violence et d’instabilité.

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