l’Église du Christ au Congo (ECC) a organisé un atelier de réflexion sur l’opportunité et l’incidence de la réforme constitutionnelle en République Démocratique du Congo (RDC). Cet atelier a réuni des experts et des personnalités politiques, dont Delly Sesanga, ancien député national et candidat à la présidentielle de 2023. Celui-ci a partagé ses préoccupations concernant l’impact potentiel de la révision de la Constitution sur le pacte républicain de Sun City, qui a permis d’instaurer une gouvernance démocratique après des années de pouvoir autoritaire.
Un risque pour la démocratie
Delly Sesanga a exprimé ses inquiétudes quant à la révision de la Constitution, soulignant que tout changement pourrait avoir des conséquences négatives sur le pacte républicain, un accord crucial pour la transition vers la démocratie en RDC. Selon lui, cette Constitution n’est pas le fruit de pressions étrangères, mais bien un compromis interne qui reflète les choix des Congolais, notamment ceux des belligérants impliqués dans le conflit.
« Cette Constitution n’est pas le fruit des belligérants, encore moins des étrangers. Il est faux de dire que cette Constitution est l’œuvre des étrangers », a-t-il affirmé. Il a rappelé que bien que des experts étrangers aient été consultés, comme l’expert béninois, leur rôle s’est limité à apporter des conseils basés sur leur expérience démocratique, notamment après la conférence nationale au Bénin. Il a également insisté sur le fait que l’actuelle Constitution est le résultat d’une synthèse des différentes expériences constitutionnelles de la RDC, dont la loi fondamentale, la Constitution de Luluabourg et celle de 1967.
Des perspectives divergentes
Le professeur Ngondakoy, également panéliste lors de l’atelier, a nuancé ces préoccupations en soulignant que la pertinence de la révision constitutionnelle doit être examinée en fonction de l’évolution des besoins de la RDC. Selon lui, la question cruciale reste de savoir si les principes fondamentaux inscrits dans la Constitution sont toujours adaptés aux défis actuels du pays.
De leur côté, les professeurs Pwate et Kapanga ont plaidé pour une révision afin de réformer le système électoral congolais et instaurer un nouvel ordre politique et économique, opposé à l’ordre néolibéral actuel. Leur position se base sur l’idée qu’une telle révision pourrait améliorer la gouvernance du pays et rendre le système plus inclusif et plus démocratique.
L’engagement de l’ECC dans le processus démocratique
Cet atelier fait partie des efforts de l’Église du Christ au Congo pour soutenir la préparation des prochaines élections et encourager une participation citoyenne active dans le processus démocratique. Le révérend Éric Senga, secrétaire général de l’ECC, a rappelé que cet événement s’inscrit dans le cadre du projet « Lema 2028 », un programme mis en place pour aider à la préparation des futures élections. Il a également souligné que le Comité exécutif national de l’ECC se prononcera prochainement sur deux questions majeures : la situation sécuritaire en RDC et la question de la révision constitutionnelle.
Le 5 décembre 2024, le président national de l’ECC avait déjà lancé un appel à la réflexion sur ces sujets cruciaux, en invitant les Congolais à réfléchir profondément sur les enjeux sécuritaires et constitutionnels actuels. Cette démarche s’inscrit dans un contexte où l’issue du débat sur la révision constitutionnelle pourrait avoir des répercussions profondes sur l’avenir politique de la RDC.