L’ancien Premier ministre et leader du parti Leadership et Gouvernance pour le Développement (LGD), Augustin Matata Ponyo Mapon, a vivement réagi au projet de révision de la Constitution de la République Démocratique du Congo (RDC) proposé par le président Félix-Antoine Tshisekedi. Lors d’un meeting politique tenu à Kindu, le jeudi 26 décembre, Matata Ponyo a rappelé les réalisations majeures accomplies sous l’actuelle Constitution, tout en affirmant que cette dernière n’est pas responsable des problèmes économiques actuels du pays, en particulier la hausse des prix.
La Constitution, moteur des transformations, selon Matata Ponyo
Dans son discours, l’ancien Premier ministre a insisté sur le fait que c’est sous l’égide de l’actuelle Constitution que la RDC a connu plusieurs progrès notables. Il a cité, entre autres, le développement des infrastructures routières, la création de la compagnie nationale d’aviation civile, ainsi que la stabilité du taux de change pendant son mandat. Il a également mis en avant des réalisations sociales majeures, telles que la construction d’hôpitaux et d’universités à travers le pays, y compris dans la province du Maniema, qu’il a dirigée à l’époque.
« À l’époque où nous étions au pouvoir, vous avez vu comment la province fut transformée. Est-ce que nous avions changé la Constitution ? Non. Nous avons fonctionné sous la même Constitution. Le travail et la Constitution sont deux choses distinctes. La Constitution est très belle. C’est la même Constitution qui a transformé le Maniema, c’est la même Constitution qui a construit les hôpitaux et les universités, c’est la même Constitution qui a stabilisé le taux de change », a déclaré Matata Ponyo en swahili devant une foule enthousiaste d’adhérents et de cadres de son parti.
Il a poursuivi en affirmant qu’aujourd’hui, certains tentent de rendre la Constitution responsable de la hausse des prix, mais il a estimé qu’il s’agissait davantage d’une question de mauvaise gestion que d’une problématique constitutionnelle.
L’opposition unie contre la révision constitutionnelle
La prise de position de Matata Ponyo s’inscrit dans un contexte plus large de résistance à la révision constitutionnelle. D’autres figures emblématiques de l’opposition, comme l’ancien président Joseph Kabila et l’ex-gouverneur du Katanga Moïse Katumbi, se sont récemment réunis en Éthiopie pour exprimer leur opposition à cette révision, comme rapporté par plusieurs médias. L’ancien président Kabila, qui a dirigé la RDC pendant plus de 18 ans, et Katumbi, ont affirmé que cette révision constituait une tentative de concentration du pouvoir entre les mains du président actuel, Félix Tshisekedi.
L’opposition, à travers ces leaders, dénonce ce qu’elle considère comme une manœuvre pour modifier les termes de la Constitution en faveur de la réélection de Tshisekedi, notamment en ajustant les dispositions relatives aux mandats présidentiels. La révision de la Constitution est vue par certains comme une menace à la stabilité démocratique du pays, qu’ils jugent déjà fragile.
Tshisekedi plaide pour la révision constitutionnelle
De son côté, le président Félix-Antoine Tshisekedi a insisté, lors de son adresse à la Nation devant le Parlement réuni en congrès, sur la nécessité d’une réforme constitutionnelle pour adapter la loi fondamentale aux réalités politiques et économiques du pays. Selon le chef de l’État, la révision vise à renforcer les institutions, améliorer le fonctionnement de l’État et répondre aux défis contemporains, notamment ceux liés à l’économie et à la gouvernance.
Tshisekedi a notamment évoqué la révision des dispositions relatives à la gestion des ressources naturelles, la décentralisation et la mise en place de mécanismes renforcés de contrôle des pouvoirs publics. La proposition a cependant suscité des divisions profondes, avec une majorité qui soutient le projet et une opposition farouche qui accuse le pouvoir de vouloir museler la démocratie.
Le débat constitutionnel, enjeu majeur de l’avenir politique de la RDC
Le projet de révision de la Constitution est donc au cœur des débats politiques en République Démocratique du Congo, un pays où les tensions politiques sont souvent exacerbées par les enjeux autour du pouvoir. Le dialogue entre majorité et opposition semble plus que jamais nécessaire pour éviter des fractures supplémentaires dans un paysage politique déjà divisé.
Alors que le débat sur cette révision constitutionnelle continue d’alimenter les discussions à Kinshasa, à travers la RDC et même au niveau international, l’avenir politique du pays pourrait bien dépendre de la manière dont cette question sera résolue. D’ici là, les positions des différents acteurs continueront d’influencer la dynamique politique et les perspectives d’un changement ou non de la Constitution.