Dans une interview accordée à la presse ce lundi 24 février, l’évêque de Butembo-Beni, Monseigneur Sikuli Paluku Melchisédech, a exprimé ses préoccupations quant à la persistance de la crise socio-politique en République Démocratique du Congo (RDC), en particulier dans un contexte de tensions sécuritaires et diplomatiques avec le Rwanda. L’évêque a remis en question la réticence de certains acteurs politiques à engager un dialogue véritable et inclusif, alors que la situation continue de se dégrader dans plusieurs provinces.
Un appel au dialogue inclusif :
Dans ses remarques, Monseigneur Sikuli a soulevé un point crucial concernant l’absence de discussions concrètes entre les Congolais eux-mêmes. « On nous dit qu’il y a des accords, pourquoi ils ne veulent pas dialoguer pour qu’on les découvre ? », a-t-il interrogé. L’évêque s’inquiète de la volonté de certains dirigeants politiques à éviter un dialogue national qui pourrait permettre de sortir du marasme actuel.
Pour l’évêque, le véritable dialogue doit commencer par des échanges ouverts et francs entre Congolais. Il a remis en question la légitimité de ceux qui, selon lui, refusent de dialoguer et de rechercher une issue à la crise. “À la tête, il y a un Congolais. Pourquoi ne pas l’interroger ? Qu’est-ce que tu veux nous faire là ? Est-ce que tu es envoyé ? C’est un Congolais comme nous », a-t-il affirmé, soulignant que la confiance entre les dirigeants et la population est primordiale pour l’avancement du pays.
Il a également évoqué l’incertitude entourant les accords que la RDC pourrait avoir avec des puissances étrangères. “Ce sont des mots. Nous ne savons pas ce qui est derrière. Et s’il y a des accords que nous ignorons, seule l’histoire nous le dira”, a ajouté Monseigneur Sikuli, appelant à plus de transparence dans les négociations internationales.
Inquiétudes face à la montée des tensions sécuritaires :
L’évêque de Butembo-Beni a aussi exprimé ses inquiétudes concernant l’instabilité sécuritaire, notamment après la récente mobilisation de policiers de Bukavu vers Goma, dans le cadre d’une formation idéologique par le groupe rebelle M23. “Nous avons vu des images de 2000 policiers amenés à Rumangabo. Ils vont sortir de là avec quelle idéologie ?”, a-t-il déclaré, soulignant les dangers que représente l’ingérence de groupes armés dans la formation de forces de sécurité. L’évêque a rapporté des propos préoccupants entendus au sein de ce groupe, où l’un des intervenants aurait déclaré : “Quand votre père vous abandonne, vous êtes libre de faire ce que vous faites”.
Cette déclaration, selon Monseigneur Sikuli, met en lumière les tensions internes croissantes et les risques de radicalisation de certaines forces de sécurité. Il a également critiqué l’ignorance apparente des autorités nationales face à la situation sur le terrain, ajoutant que les réalités vécues à Kinshasa ne reflètent pas celles observées à l’Est du pays.
Le Pacte social pour la paix :
Par ailleurs, les Églises catholique et protestante du Congo ont récemment lancé une initiative visant à promouvoir la paix et la réconciliation à travers le « Pacte social pour la paix et le bien-vivre ensemble en RDC et dans les Grands Lacs ». Ce projet ambitieux vise à sortir l’Afrique des conflits politiques et armés, et à inscrire la région dans un processus de fraternité mondiale entre les peuples, les communautés et les nations.
Pour Monseigneur Sikuli, ce pacte représente une voie vers la résolution des conflits internes et une opportunité de bâtir un avenir de paix durable. “Le pacte social doit être vu comme un moyen de réconcilier les Congolais entre eux et d’offrir une chance de paix et de prospérité à toute la région des Grands Lacs”, a-t-il conclu.
S’il ya d’accord premièrement on devrait commencer par montré officiellement comment l’accord a été signé pour qu’on sache de quoi s’agit -il?