Après deux mois de paralysie financière dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), l’Alliance Fleuve Congo (AFC) s’apprête à lancer une nouvelle institution bancaire, la Banque du Kivu (BDK). Selon des sources internes à l’AFC, la BDK devrait débuter ses opérations dans les prochains jours, marquant un tournant décisif dans la reprise économique de cette région stratégique.
Un secteur bancaire en crise depuis deux mois
La mise en place de la BDK intervient dans un contexte de crise financière majeure. Depuis la décision du gouvernement de Kinshasa de suspendre les services bancaires dans l’est du pays, la population et les entreprises locales ont été confrontées à une pénurie de liquidités et à l’interruption des transactions commerciales. La fermeture des principales banques – Rawbank, Trust Merchant Bank (TMB), Equity Bank, Sofibanque, Ecobank, Bank of Africa, Access Bank et BDEGL – a paralysé l’économie de Goma, Bukavu, Uvira et des régions avoisinantes.
Les conséquences de cette mesure ont été désastreuses : de nombreuses entreprises ont cessé leurs activités, les salaires n’ont pas été versés et les échanges commerciaux avec les pays voisins ont fortement diminué. Face à cette situation critique, le lancement de la BDK vise à combler le vide laissé par la fermeture des institutions financières traditionnelles.
Un nouvel acteur pour stabiliser l’économie régionale
L’arrivée de la Banque du Kivu représente une avancée majeure pour restaurer la stabilité financière de la région. En réintroduisant des services bancaires formels, la BDK devrait permettre un accès sécurisé aux liquidités, favoriser la reprise des transactions commerciales et renforcer la confiance des acteurs économiques.
Cette initiative s’inscrit dans une dynamique d’intégration régionale, la BDK devant coopérer avec des institutions bancaires d’Afrique de l’Est telles que la Banque de Kigali (Rwanda), la KCB Bank (Kenya) et la CRDB Bank (Tanzanie). Cette interconnexion facilitera les échanges transfrontaliers et offrira aux entreprises locales des opportunités de croissance et de diversification.
Un enjeu politique et économique majeur
La création de la Banque du Kivu intervient dans un contexte marqué par des tensions politiques et sécuritaires. La prise de contrôle de Goma et Bukavu par les forces du M23 a modifié l’équilibre des pouvoirs dans la région, ouvrant la voie à une réorganisation économique. Pour de nombreux observateurs, le lancement de la BDK est une réponse stratégique au blocus financier imposé par Kinshasa.
En restaurant un système bancaire structuré, la nouvelle banque contribuera à réduire la dépendance aux circuits financiers informels, souvent associés à des risques élevés et à des coûts transactionnels importants. Elle jouera également un rôle clé dans le financement des entreprises locales et le soutien aux initiatives de développement.
Vers une normalisation des échanges commerciaux
Avec l’entrée en service de la BDK, les acteurs économiques de l’est de la RDC pourront à nouveau accéder à des services financiers essentiels : ouverture de comptes, facilitation des paiements, octroi de crédits et transferts internationaux. Cette évolution devrait progressivement restaurer la confiance et relancer les activités commerciales, notamment avec les pays voisins comme le Rwanda, l’Ouganda et le Burundi.
Alors que la région cherche à se relever d’une crise financière prolongée, la Banque du Kivu apparaît comme un levier clé pour la reconstruction économique. Son succès dépendra de sa capacité à s’intégrer rapidement dans le paysage financier régional et à répondre aux besoins urgents des populations et des entreprises locales.