Un retour discret mais significatif de Joseph Kabila sur la scène régionale
L’ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), Joseph Kabila, aujourd’hui en retrait officiel de la vie politique, multiplie les rencontres de haut niveau en Afrique. Après une visite remarquée en Ouganda où il a rencontré le président Yoweri Museveni, il a été reçu le 18 mars à Johannesburg par l’ancien chef d’État sud-africain Thabo Mbeki.
Cette rencontre, bien que peu médiatisée, suscite des interrogations sur le rôle que Kabila pourrait jouer dans la crise actuelle à l’Est de la RDC, où les combats entre l’armée congolaise et les rebelles du M23 soutenus par Kigali se poursuivent. Alors que l’actuel président Félix Tshisekedi privilégie une approche militaire pour éradiquer les groupes armés, Thabo Mbeki a toujours défendu la nécessité d’une solution diplomatique et négociée.
Mbeki, un médiateur influent dans les conflits régionaux
Thabo Mbeki n’est pas un acteur anodin dans le paysage politique congolais. En tant qu’architecte des accords de Sun City en 2002, qui avaient permis de mettre fin à la Deuxième Guerre du Congo, il reste un interlocuteur influent et écouté dans la région des Grands Lacs. Son invitation à Joseph Kabila traduit une volonté de repositionner les anciens dirigeants dans la recherche d’une sortie de crise.
L’ancien président sud-africain est connu pour sa diplomatie discrète mais efficace, et son rôle de médiateur a souvent été sollicité en Afrique australe et centrale. En recevant Kabila, il envoie un message clair : l’ex-président congolais reste un acteur incontournable, malgré son retrait du pouvoir en 2019.
Joseph Kabila, un retour en politique sous couvert de médiation ?
Devant la presse sud-africaine, Joseph Kabila a affirmé qu’il était prêt à « travailler pour ramener la paix à l’Est de la RDC ». Une déclaration qui résonne comme un message politique fort. L’ancien président, qui avait longtemps gardé le silence depuis son départ du pouvoir, semble désormais vouloir réaffirmer son influence, voire se repositionner en tant qu’homme de solution.
Si ses intentions restent floues, cette offensive diplomatique suscite des spéculations sur un éventuel retour sur la scène politique congolaise. À l’approche des prochaines échéances électorales et dans un contexte d’instabilité sécuritaire, Kabila pourrait chercher à peser dans les négociations ou même à jouer un rôle plus direct dans la gouvernance du pays.
Un jeu d’échecs politique en pleine crise régionale
Alors que les tensions entre la RDC et le Rwanda ne cessent de s’intensifier, cette rencontre entre Kabila et Mbeki démontre que les anciens dirigeants de la région restent actifs en coulisses. Pour Félix Tshisekedi, qui a fait de la lutte contre les groupes armés une priorité nationale, la résurgence de Kabila comme médiateur potentiel pourrait compliquer les équilibres politiques internes.
Reste à savoir si cette initiative est une démarche sincère en faveur de la paix ou une manœuvre stratégique pour repositionner Joseph Kabila sur l’échiquier politique congolais. Une chose est certaine : dans un contexte aussi volatile, chaque mouvement des figures influentes du passé est scruté de près.
