Dans une interview exclusive accordée à DW, Maxime Prévot, le ministre belge des affaires étrangères, a réaffirmé la position de la Belgique concernant la crise qui secoue l’est de la République Démocratique du Congo (RDC). Il a souligné que, bien que des progrès restent à faire en matière de gouvernance interne pour le pays, cela ne justifie en aucun cas l’invasion du territoire congolais ni le soutien discret du Rwanda aux rebelles du M23.
Réagissant à la récente rupture des relations diplomatiques entre le Rwanda et la Belgique, Prévot a déploré une réponse « disproportionnée ». Le ministre a expliqué que cette rupture est intervenue après l’adoption par l’Union Européenne de sanctions visant des responsables rwandais et du M23. Selon lui, cette décision s’inscrit dans le cadre d’une démarche commune européenne visant à faire respecter le droit international, et non à prendre parti contre le Rwanda. « Nous avons dénoncé la violation du territoire congolais et soutenu la souveraineté de la RDC », a précisé Prévot.
En réponse aux accusations du Rwanda qui accuse la Belgique de parti pris, Prévot a affirmé que la position belge repose sur des principes, et non sur des préférences nationales. Le ministre a expliqué que la fermeté des pays européens vis-à-vis du Rwanda s’inscrit dans une démarche de défense du droit international, à l’instar des positions adoptées par la Belgique sur d’autres crises mondiales, comme celle de l’Ukraine.
Sur la question des sanctions européennes contre le M23, le diplomate a rappelé que ces mesures visent un nombre limité d’individus et ne constituent pas un obstacle à la négociation. « Si les représentants du M23 avaient réellement la volonté de négocier, rien ne les empêchait de se rendre à Luanda pour les discussions », a-t-il ajouté. Le ministre a insisté sur le fait que la pression internationale croissante finira par inciter toutes les parties à engager un dialogue sérieux, soulignant que le conflit n’aura pas de solution militaire.
Enfin, concernant le protocole d’accord signé entre l’Union européenne et le Rwanda, Prévot a exprimé des doutes quant à la volonté de Kigali de respecter ses engagements, notamment en matière de traçabilité des minerais. Cette question pourrait compliquer la mise en œuvre de l’accord, d’autant plus que plusieurs responsables visés par les sanctions européennes étaient les interlocuteurs principaux du Rwanda sur ce dossier.
Samuel Mutoni