Plusieurs sociétés minières opérant dans la région de Kapata, dans la province du Lualaba, sont pointées du doigt pour des conditions de travail inhumaines infligées à leurs employés congolais. BOFA SARL, une entreprise chinoise active dans l’exploitation à ciel ouvert, est au cœur des accusations. Témoignages accablants, salaires opaques, absence de repos et horaires exténuants dressent le portrait d’une véritable prison à ciel ouvert.
Selon plusieurs employés interrogés sous anonymat par nos soins, les conditions de travail imposées par BOFA SARL frôlent l’esclavagisme moderne. L’entreprise fonctionne en deux shifts : de jour, de 6h30 à 17h00 avec une pause d’une heure à midi ; et de nuit, de 18h30 à 5h00 du matin avec une courte pause à minuit. Chaque shift s’étale sur dix jours consécutifs sans aucun jour de repos.
« Je travaille à BOFA SARL depuis plusieurs mois. Nous sommes traités comme des machines, voire des animaux. Il n’y a pas de repos le week-end, et nous travaillons sous un soleil brûlant ou dans le froid de la nuit, sans sécurité sociale, ni aucune garantie de stabilité », nous confie un ouvrier du site.
Le flou autour des rémunérations est une autre source de frustration. Les travailleurs dénoncent un système de paie arbitraire, dépendant des « humeurs du patron ». « Depuis que je suis ici, je n’ai jamais reçu un salaire fixe. En dehors du mois de janvier où j’ai été payé un peu plus parce que j’ai travaillé le 1er janvier et les jours fériés, je n’ai jamais touché les 300 dollars », explique un employé.
Ce qui choque encore davantage, c’est que BOFA SARL aurait bénéficié du soutien de l’Agence pour la régulation de la sous-traitance dans le secteur minier (ARSP), dans le cadre du partenariat stratégique entre la République démocratique du Congo et la Chine. L’entreprise fait partie des sous-traitants ayant remporté un contrat de 100 millions de dollars américains dans le cadre de la Sicomines, une coopération sino-congolaise censée bénéficier à la population.
Pour les travailleurs de BOFA SARL, cette promesse de développement s’est transformée en cauchemar. Entre exploitation, absence de droits fondamentaux et conditions de travail alarmantes, ils appellent les autorités congolaises à ouvrir une enquête et à protéger la dignité des citoyens employés dans ces entreprises étrangères.
« Nous ne demandons pas l’impossible, juste le respect de nos droits fondamentaux, un salaire digne et un peu d’humanité », conclut un travailleur, épuisé mais déterminé à briser le silence.