Dans une déclaration virulente, Kikaya Bin Karubi, ancien conseiller diplomatique du président Joseph Kabila, s’en est pris frontalement au régime en place, accusant le président Félix Tshisekedi de museler toute opposition et de manipuler l’opinion publique par des campagnes de diabolisation systématique.
Selon Kikaya, tous les Congolais ayant contribué à l’accession de Tshisekedi au pouvoir sont aujourd’hui « décédés, exilés ou réduits au silence ». Il dénonce un climat de peur entretenu par le pouvoir, dans lequel toute critique à l’endroit du chef de l’État est immédiatement assimilée à une collusion avec le Rwanda – pourtant, selon lui, « la première cause de l’agression actuelle, c’est le président lui-même ».
L’ancien haut diplomate critique vivement la posture actuelle de l’UDPS, parti présidentiel, qu’il accuse de vouloir effacer les traces d’un soutien passé aux interventions rwando-burundo-ougandaises, alors qu’aujourd’hui, le discours officiel tente de dégager toute responsabilité dans la crise sécuritaire de l’Est du pays.
« La formule ‘Mentez, mentez, il en restera toujours quelque chose’ finit toujours par rattraper ses auteurs », lance Kikaya, dans une allusion claire à ce qu’il considère comme une stratégie politique fondée sur la manipulation de masse.
Il revient également sur ce qu’il appelle « la redoutable machine à broyer de Limete », en référence au quartier général de l’UDPS, qu’il accuse d’avoir construit, depuis sa création en 1982, un système fondé sur l’injure, la diabolisation et la disqualification systématique des adversaires. Des qualificatifs tels que « dictateur », « étranger », « pantin » ou « fils de pute » seraient, selon lui, devenus des armes de guerre politique contre toute voix discordante, de Mobutu à Corneille Naanga, en passant par de nombreux acteurs politiques et sociaux.
Cette sortie médiatique de Kikaya Bin Karubi, au ton acerbe, vient s’inscrire dans un contexte de fortes tensions politiques en RDC, à la veille d’échéances importantes et dans un climat sécuritaire particulièrement tendu à l’Est du pays