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mercredi, août 13, 2025

ENTRE BALLES ET SILENCES : LE CRI QU’ANGOLA N’A PAS SU ÉTOUFFER

Par Sempa Sebastião
Journaliste angolais

Pendant trois jours, l’Angola a vu tomber le masque du silence institutionnel.
Les taxis se sont arrêtés. Le peuple a crié. Et l’État a répondu par ce qu’il manie le mieux lorsque le dialogue fait défaut : la répression.

Vingt-deux morts (22). Cent quatre-vingt-dix-sept (197) blessés. Plus de 1 200 arrestations.
Ce ne fut pas une simple grève : ce fut le reflet brutal d’une société à bout, d’un peuple qui ne réclame rien d’autre que de vivre avec dignité.
Quand même la télévision publique est contrainte d’annoncer de tels chiffres, c’est que la vérité a surpassé les frontières du contrôle narratif.

Jamais, même sous les longues années de José Eduardo dos Santos, l’Angola n’avait enregistré un bilan aussi meurtrier lors d’une manifestation populaire.
Ce qui s’est passé dépasse tout précédent en matière de violence institutionnelle contre des citoyens désarmés.

En tant que journaliste, je refuse d’écrire cette tribune avec une fausse neutralité.
Car ce que nous avons vécu, c’est le cri d’un peuple qui ne sait plus comment se faire entendre, et le silence d’un pouvoir qui ne sait plus comment gouverner autrement que par la force.

LE PRÉSIDENT QUI A TARDÉ À PARLER, LE PEUPLE QUI A PARLÉ LE PREMIER

Alors que le chaos gagnait les rues, le Président de la République, lui, est resté silencieux.
Trois jours de morts, de violences, d’arrestations — sans un mot.
Et lorsqu’il s’est enfin exprimé, ses paroles étaient froides, technocratiques, vides d’émotion. Il manquait l’essentiel : l’écoute et la responsabilité morale.

En politique, le silence est un langage. Et ce silence présidentiel fut perçu comme un abandon.
Le peuple ne réclame pas de miracle — il réclame d’être vu, entendu, compris. Et quand l’État attend que le sang sèche pour parler, il se déconnecte de sa propre légitimité.

QUAND LA JEUNESSE SE LÈVE — ET QUE CERTAINS DÉRAILLENT

Oui, il y a eu des actes de vandalisme.
Oui, certains ont pillé.
Mais il y a surtout eu des milliers d’Angolais qui ont marché pacifiquement, qui ont crié leur douleur sans arme, sans haine et qui ont été frappés, arrêtés, humiliés.

C’est au pouvoir de distinguer les justes des violents. Ce n’est pas au peuple tout entier d’être puni pour les actes de quelques-uns.

Et à cette jeunesse courageuse mais parfois déboussolée, je dis ceci :
piller n’est pas résister. Brûler n’est pas revendiquer. Détruire n’est pas construire.

L’histoire de l’Afrique regorge de leçons.
La République démocratique du Congo, entre 1990 et 1992, a vu sa capitale sombrer dans le chaos des pillages : des décennies plus tard, Kinshasa en paie encore le prix.
Le cas d’Haïti est encore plus criant : la colère populaire, mal canalisée, y a tué toute perspective d’investissement durable.
Au Burkina Faso, en Côte d’Ivoire ou ailleurs, le même schéma se répète : lorsque la jeunesse détruit, c’est l’avenir national qui recule.

La jeunesse angolaise doit s’élever par la conscience, pas s’effondrer dans la rage.
Manifester est un droit. Saboter son propre pays est un piège.

UNE OPPOSITION DOIT GUIDER, NON RÉCUPÉRER

Face à un État sourd, l’opposition devrait être l’écho du peuple.
Mais ce que nous avons vu, trop souvent, ce sont des leaders qui apparaissent après les tragédies, qui surfent sur les colères, qui dénoncent sans construire.

L’opposition ne peut pas être un simple outil de réaction. Elle doit devenir une force de proposition, d’organisation, de transformation.

Hélas, dans les moments les plus critiques, certains préfèrent capitaliser sur la souffrance.
Ils encouragent la mobilisation, mais se retirent dès que la répression tombe.
Et ceux qui paient, ce ne sont ni leurs enfants ni leurs familles — ce sont les jeunes des quartiers, les vendeuses de pain, les chauffeurs de taxi, les sans-voix.

Il faut du courage pour gouverner, mais il en faut davantage encore pour incarner une opposition digne, éthique et responsable.
La douleur du peuple ne doit jamais devenir un tremplin politique. Le sang des innocents ne peut pas être une opportunité électorale.

CONCLUSION :

L’Angola est arrivé à un tournant.
Vingt-deux vies ont été arrachées — ce ne sont pas des chiffres, ce sont des fils, des mères, des rêves interrompus.

La jeunesse ne peut pas être le bouclier d’un pouvoir aveugle ni la victime silencieuse d’une opposition opportuniste.
L’État ne peut pas traiter ses citoyens comme des ennemis.
Et l’opposition doit cesser d’attendre les morts pour prendre la parole.

Chaque acteur politique, chaque institution, chaque citoyen doit se demander : quelle Angola voulons-nous demain ?

La justice ne peut plus attendre.
Le dialogue ne peut plus être reporté.
La mémoire de ce qui s’est passé ne peut pas être effacée.

C’est par l’écoute que l’on gouverne.
C’est par la conscience que l’on proteste.
Et c’est par le respect des morts que l’on reconstruit un pays.

L’Angola n’a pas besoin de martyrs de plus.
Il a besoin de dirigeants avec une éthique, d’une jeunesse éveillée, et d’un peuple qui refuse de vivre à genoux.

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2 Commentaires

  1. Angola est un pays vaste et pleine de ressource mais il est reconnu par sa production du pétrole comme 2e pays en Afrique mais c’est que se peuples est entrain de vivrent sont contraire aujourd’hui le pouvoir en Afrique est devenu comme richesse personnelle, le peuples en Afrique c’est comme objet de sacrifice on les tue comme des fourmis sans pitié, sans coeur sans conscience. Les Afrique est considéré comme des pauvres, comme des misérable sans valeur à leur propre pays comme à l’intérieur, tout ça à cause de nos propre soi-disant des dirigeants. La démocrati est le pouvoir du peuple par le peuple et pour le peuple, mais ici en Afrique précisément ici en Angola est devenu le pour des certains individus soi-disant des dirigeants or à réalité sont des dirigeants bien corrompu pour tue leur propre peuples pour leurs intérêt personnelle. Que Dieu vous pardonne… Vous seriez jugé à cause de ça.

  2. Nous avons besoin des gens capable de défendre la patri et non de trahir, nous avons besoin de des dirigeants capable de défendre les intérêt du peuples et non leur propre intérêt. Vous tuez le futur de demain pour vos propre intérêt personnelle Afrique, Afrique, Afrique, réveil-toi .,.. C’est pitié vraiment.

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