Le journaliste John Lungila a fait des révélations explosives hier sur les réseaux sociaux, accusant son confrère Pero Luwara d’avoir tenté de le recruter pour le compte du Rwanda et du groupe armé AFC-M23. Des accusations lourdes, qui soulèvent de nombreuses questions sur les liens entre certains acteurs médiatiques et les tensions qui secouent l’Est de la RDC.
D’après Lungila, Pero Luwara l’aurait contacté à plusieurs reprises pour qu’il rejoigne ce qu’il appelle le « front communicationnel du M23 ». Il dit avoir refusé, mais assure ne pas être le seul à avoir été approché.
Un autre journaliste, Erick Wemba, aurait lui aussi été invité par Luwara à une rencontre en France pour discuter du même projet : « Pero m’a recruté, moi. Il m’a appelé pour intégrer le front communicationnel du M23 et j’ai dit non. J’ai encore été rappelé par lui quand Goma est tombé, il m’a dit : ‘mon frère, la situation a évolué, qu’est-ce que tu en penses ?’ J’ai encore dit non », a-t-il raconté avec fermeté.
Il affirme en outre que Pero Luwara savait à l’avance que des attaques allaient viser Goma et Bukavu, non pas par intuition, mais parce qu’il serait directement impliqué dans le mouvement : « Pero n’est pas prophète, c’est juste parce qu’il est dans le mouvement, c’est un terroriste », a-t-il lâché.
John Lungila va encore plus loin en mettant en doute la manière dont Pero Luwara a quitté l’Afrique. Selon lui, ce dernier n’avait pas de passeport au moment de sa fuite et aurait utilisé des documents rwandais modifiés à son arrivée en Europe.
Pour lui, ces activités ne peuvent pas rester sans conséquences. Il évoque les financements reçus par Luwara, qu’il qualifie d’« argent du sang », et justifie ainsi les sanctions prises à son encontre par les autorités congolaises : « Quand tu bénéficies de l’argent du sang et que les autorités au pays en sont informées, voulez-vous qu’elles fassent quoi ? Elles vont te sanctionner pour des raisons pédagogiques afin que les autres ne soient pas tentés de faire comme toi. »
Lungila estime aussi que Luwara s’est lui-même mis en danger en jouant sur plusieurs tableaux. Il affirme que même Paul Kagame et Joseph Kabila seraient aujourd’hui méfiants à son égard : « Pero s’est lui-même mis en insécurité et il est en insécurité partout et avec tout le monde. Même Kagame et Kabila savent qu’il est versatile. Aujourd’hui, il détient plusieurs informations qui le mettent encore plus en danger. », a-t-il conclu.
Samuel Mutoni
