L’affaire Bukangalonzo continue de faire des vagues en République Démocratique du Congo. Ce lundi, lors d’une conférence de presse, le professeur Mwene Songa, avocat de l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo, a tiré à boulets rouges sur la manière dont se déroule le procès devant la Cour constitutionnelle, qualifiant la procédure de « parodie de justice ».
« Devons-nous continuer à aller prendre la parole sachant qu’elle n’atteindra aucun juge ? Devons-nous continuer à aller parler pour rappeler des procédures devant un juge qui les prend en mépris ? », s’est interrogé Me Mwene Songa avec amertume, dénonçant une justice sourde aux arguments de la défense.
« Sommes-nous encore utiles en tant qu’avocats lorsqu’en rappelant la loi, on n’a nullement l’intention de nous écouter ? », a-t-il poursuivi, visiblement exaspéré. Selon lui, toutes les garanties d’un procès équitable sont foulées au pied : « Tel que ce dossier se déroule, cela ne peut donner satisfaction à personne éprise de justice. Tous les principes fondamentaux, tous les principes directeurs du procès pénal sont ignorés, méprisés et rejetés », a conclu le juriste, s’adressant à la presse.
À titre de rappel, l’ancien chef du gouvernement est poursuivi pour un présumé détournement de plus de 200 millions de dollars américains dans le cadre du projet agro-industriel de Bukangalonzo, initié durant son mandat. Le projet, censé assurer la sécurité alimentaire en RDC, s’est soldé par un échec cuisant, sans résultats palpables sur le terrain.
La cour constitutionnelle, saisie du dossier, maintient son instruction malgré les contestations répétées sur sa compétence à juger un ancien Premier ministre pour des faits commis dans l’exercice de ses fonctions.
Ce climat tendu entre la défense et la Cour laisse planer le doute sur l’issue du procès et alimente les inquiétudes quant au respect des droits de la défense dans un dossier hautement politique.
SMut