L’archevêque de Kinshasa, le cardinal Fridolin Ambongo, a récemment exprimé ses préoccupations concernant la détérioration de la situation sécuritaire dans l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC). Dans une interview accordée à Jeune Afrique le 8 octobre, il a remis en question l’efficacité des accords internationaux, notamment ceux de Doha et de Washington, qui sont censés résoudre les causes structurelles des conflits persistants dans les provinces orientales du pays, telles que le Nord-Kivu et l’Ituri.
Ambongo a souligné que, bien que ces accords soient salués par la communauté internationale, leurs effets concrets sur le terrain demeurent limités. « Ces accords sont bons, mais ils ne prennent pas en compte l’ensemble des problèmes du Congo », a-t-il déclaré, regrettant une approche souvent technocratique et déconnectée des réalités locales.
Le cardinal a insisté sur le fait que la quête d’une paix durable en RDC nécessite bien plus qu’un simple dialogue entre les parties armées ou entre États partenaires. Il appelle à une approche globale qui prenne en compte les causes profondes du conflit, telles que la marginalisation des populations locales dans la gestion des ressources naturelles, souvent à l’origine des tensions. De plus, il a évoqué le rôle ambigu de certains acteurs régionaux, soupçonnés de tirer profit de l’instabilité.
Son intervention intervient dans un contexte alarmant, où la sécurité dans l’Est du pays reste critique, malgré de nombreuses initiatives diplomatiques menées par des acteurs tels que les États-Unis, le Qatar, l’Union africaine et la Communauté d’Afrique de l’Est.
La critique du cardinal Ambongo résonne avec les préoccupations de plusieurs organisations de la société civile, qui, en mars dernier, avaient déjà dénoncé le « manque de suivi » et « l’absence d’inclusivité » dans les processus de Doha et de Washington. Ces critiques mettent en lumière le fait que les victimes des conflits et les communautés locales ne sont pas prises en compte dans les discussions, laissant des questions fondamentales sans réponse.
Dans un contexte où la paix et la sécurité demeurent des enjeux cruciaux pour le pays, les appels du cardinal Ambongo à une réflexion plus profonde et inclusive sur les accords de paix trouvent un écho particulier auprès des acteurs locaux et internationaux engagés dans la recherche de solutions durables pour la RDC.
Samuel Nakweti