Deux hommes ont été arrêtés en Zambie, accusés d’avoir tenté d’ensorceler le président Hakainde Hichilema. La police a annoncé l’arrestation de Jasten Mabulesse Candunde et Leonard Phiri dans la capitale, Lusaka, vendredi 20 décembre 2024, suite à des accusations graves selon lesquelles ils auraient été chargés de nuire au chef de l’État par des moyens occultes.
Dans un communiqué officiel, les autorités zambiennes ont précisé que les deux suspects étaient en possession de charmes et d’objets rituels, dont un caméléon vivant, utilisés dans le cadre de ce qu’elles qualifient de « mission sorcière ». Selon la police, leur tâche était d’employer la sorcellerie pour porter atteinte à la santé ou au bien-être du président Hichilema.
Des accusations liées à la sorcellerie
La Zambie, comme de nombreux pays d’Afrique australe, est marquée par des croyances profondes en la sorcellerie et les pratiques mystiques. La police a indiqué que Candunde et Phiri avaient été embauchés par Nelson Banda, le frère cadet du député indépendant Emmanuel « Jay Jay » Banda. Ce dernier, anciennement associé à l’ex-président Edgar Lungu, est actuellement au centre de plusieurs affaires judiciaires. Il a été arrêté en novembre au Zimbabwe voisin pour des accusations de vol, accusations qu’il nie fermement, et il est aussi recherché pour s’être échappé de prison en août dernier alors qu’il attendait son procès en Zambie.
Le Front Patriotique (PF), le principal parti d’opposition dirigé par Edgar Lungu, a rapidement réagi en affirmant que ces accusations étaient politisées et motivées par des rivalités internes. Le PF a dénoncé un « complot » visant à nuire à l’image du député et à le discréditer dans un contexte de tensions politiques croissantes.
Des charmes, un caméléon et une promesse de récompense
Selon les autorités zambiennes, les suspects ont avoué que leur mission consistait à nuire au président Hichilema en utilisant des rituels sorciers. En échange, on leur aurait promis une somme d’environ 2 millions de kwachas zambiens (environ 58 000 £ ou 73 000 $), une récompense substantielle pour leur « travail » occulte. En plus du caméléon, la police a trouvé plusieurs autres objets liés à la sorcellerie, confirmant la nature étrange de leur « mission » présumée.
Les deux hommes ont été inculpés de divers chefs d’accusation, notamment « possession de charmes », « profession de foi en matière de sorcellerie » et « cruauté envers les animaux sauvages » pour avoir utilisé un caméléon dans leurs pratiques. Ils sont actuellement en détention et devraient comparaître devant un tribunal dans un avenir proche, bien que la police n’ait pas précisé la date de l’audience.
Le climat politique en Zambie
L’incident survient dans un climat politique tendu en Zambie, où la défaite de l’ancien président Edgar Lungu en 2021 face à Hakainde Hichilema a entraîné une série de remises en question et de rivalités politiques. Emmanuel Banda, bien qu’indépendant, a été un proche de Lungu et a joué un rôle important au sein du PF avant de se tourner vers une opposition plus marquée. L’arrestation de son frère, Nelson Banda, pour son implication présumée dans cette affaire, a exacerbé la tension, certains y voyant une tentative de vengeance politique.
Le gouvernement zambien, quant à lui, n’a pas encore fait de commentaire détaillé sur la motivation politique de cette affaire, mais le contexte dans lequel elle survient laisse à penser que les accusations de sorcellerie pourraient être en partie instrumentalisées pour alimenter des batailles politiques internes.
La sorcellerie, un sujet sensible
Dans de nombreuses régions d’Afrique australe, la sorcellerie est un sujet sensible et souvent controversé, pouvant avoir de lourdes conséquences sociales et légales. La Zambie, où ces croyances sont largement répandues, a vu par le passé plusieurs affaires similaires, parfois liées à des conflits politiques ou à des querelles locales. Cependant, le cas des deux hommes accusés d’avoir voulu nuire au président Hichilema semble revêtir une ampleur particulière en raison de la nature des accusations et des protagonistes impliqués.
Le président Hichilema, élu en 2021 après un long combat contre l’ancien régime, n’a pas encore réagi publiquement à ces nouvelles accusations. Toutefois, la police a affirmé que l’enquête se poursuivait et qu’elle prendrait toutes les mesures nécessaires pour garantir que justice soit faite.