Luanda, 18 février 2025 – Le président congolais Félix Tshisekedi s’est rendu à Luanda pour rencontrer son homologue angolais João Lourenço. Ce déplacement intervient trois jours après la chute de Bukavu, désormais sous le contrôle du groupe rebelle M23, soutenu par Kigali. Alors que la situation militaire s’aggrave dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), le chef de l’État congolais tente d’obtenir un appui diplomatique et sécuritaire de l’Angola.
Lors de cette rencontre, les deux chefs d’État ont discuté de l’évolution de la crise sécuritaire en RDC, notamment de l’avancée des rebelles de l’Alliance des Forces Congolaises/M23 (AFC/M23) dans la province du Sud-Kivu. Toutefois, sur le plan diplomatique, aucune percée significative n’a été réalisée. João Lourenço, qui assure la présidence tournante de l’Union africaine, a réaffirmé son attachement à la médiation et aux solutions négociées. Il privilégie le cadre du processus de Luanda, qui inclut directement le Rwanda.
Un refus d’assistance militaire
Selon des sources proches des négociations, Félix Tshisekedi aurait sollicité un soutien militaire de l’Angola pour contrer l’avancée du M23. Toutefois, João Lourenço aurait décliné cette requête, invoquant son rôle de médiateur et la nécessité de maintenir une position neutre dans le conflit. Ce refus souligne les limites de l’approche congolaise, qui mise sur un renforcement des alliances régionales pour freiner l’insurrection armée.
Ces dernières semaines, l’Angola avait montré des signes de désengagement progressif de son rôle de facilitateur dans la crise congolaise, malgré la pression de la communauté internationale. Luanda, qui joue traditionnellement un rôle clé dans les conflits régionaux, semble aujourd’hui privilégier une posture d’équilibre, évitant toute implication directe dans les tensions entre Kinshasa et Kigali.
Incertitudes politiques et diplomatiques
Alors que la pression internationale sur le Rwanda s’intensifie, l’avenir politique de Félix Tshisekedi apparaît de plus en plus incertain. Face aux revers militaires sur le terrain et aux difficultés diplomatiques, certaines figures de la majorité présidentielle préfèrent adopter une posture d’attente, observant l’évolution de la situation avant de se prononcer publiquement.
D’après nos informations, le chef de l’État congolais aurait également profité de cette rencontre pour discuter d’options relatives à son avenir politique, au cas où la situation viendrait à se détériorer davantage. Cette démarche révèle une prise de conscience croissante des risques auxquels il fait face, aussi bien sur le plan sécuritaire que sur le plan institutionnel.
Un contexte de tensions croissantes
Malgré les initiatives diplomatiques en cours, la situation sécuritaire dans l’est de la RDC reste critique. L’armée congolaise peine à contenir l’avancée des rebelles, tandis que les négociations avec le M23 demeurent bloquées en raison du refus de Kinshasa d’un dialogue direct avec le mouvement armé. Le processus de paix initié sous l’égide de la Communauté de l’Afrique de l’Est (EAC) et du mécanisme de Luanda peine à produire des résultats concrets.
À mesure que la crise s’intensifie, la pression monte sur Félix Tshisekedi pour trouver une issue favorable. Son déplacement en Angola marque une tentative de consolider des soutiens régionaux, mais met également en lumière les limites de sa stratégie diplomatique et militaire.
L’avenir immédiat de la RDC repose désormais sur l’évolution du rapport de forces sur le terrain et la capacité de la communauté internationale à imposer une solution durable au conflit. En attendant, l’incertitude continue de planer sur la stabilité du régime en place et sur la capacité du gouvernement congolais à restaurer son autorité sur l’ensemble du territoire.
