La récente rencontre entre le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, et son homologue rwandais, Paul Kagame, suscite une vive polémique au sein de la classe politique congolaise. Une partie de l’opposition, notamment le parti Ensemble pour la République de Moïse Katumbi, critique sévèrement ce tête-à-tête, qu’elle perçoit comme une contradiction aux engagements antérieurs du chef de l’État.
Une rupture de promesse ?
Dans une déclaration virulente, Hervé Diakiese, porte-parole d’Ensemble, a dénoncé ce qu’il considère comme une humiliation pour la RDC. « Nous sommes humiliés, le Président de la République n’a même pas été en mesure de tenir une parole maintes fois répétée, de ne rencontrer Kagame que devant Dieu », a-t-il fustigé.
L’opposition reproche au chef de l’État d’avoir renié sa propre posture en acceptant de dialoguer avec celui qu’il avait publiquement désigné comme l’ennemi numéro un du pays. Cette situation soulève, selon Diakiese, un problème de crédibilité et de constance dans les engagements présidentiels.
Une capitulation ou une nécessité diplomatique ?
Du côté des partisans de Tshisekedi, cette rencontre relève de la realpolitik et de la nécessité de préserver les intérêts du pays dans un contexte sécuritaire fragile. Depuis plusieurs mois, l’Est de la RDC est le théâtre d’intenses affrontements entre les FARDC et les rebelles du M23, un groupe accusé d’être soutenu par Kigali. Certains analystes estiment donc que ce dialogue était inévitable pour tenter de trouver une issue pacifique à la crise.
Mais pour les détracteurs du président, cette rencontre affaiblit son image et celle du pays. « Après les genres de propos qu’ils se sont échangés par médias interposés, le président Tshisekedi est le plus grand perdant, en prestige, sérieux et respect de la parole », a encore martelé Hervé Diakiese.
Un impact politique incertain
Alors que les tensions avec le Rwanda demeurent vives, cette rencontre pourrait avoir des conséquences sur la scène politique congolaise. L’opposition tente de capitaliser sur ce qu’elle perçoit comme un reniement présidentiel, tandis que le camp Tshisekedi défend une approche pragmatique.
Reste à savoir si cette rencontre portera ses fruits sur le plan diplomatique ou si elle restera dans l’histoire comme un revers politique pour Félix Tshisekedi. En attendant, le débat continue d’alimenter les discussions en RDC, entre indignation, scepticisme et espoir d’un apaisement des tensions régionales.