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samedi, avril 19, 2025

Felix Tshisekedi se livre à la presse française

La récente médiation en Angola entre la République démocratique du Congo (RDC) et le groupe armé M23 a échoué, mettant en évidence les tensions persistantes entre Kinshasa et Kigali. Dans une interview accordée au Figaro, le président congolais, Félix Tshisekedi, a vivement dénoncé le refus du M23 de participer aux pourparlers, pointant du doigt leur allégeance au régime rwandais.

Un blocage orchestré par Kigali

« Ce refus du M23 confirme aux yeux de l’opinion publique tant nationale qu’internationale que ces violents activistes sont des pantins qui attendent de recevoir des ordres pour agir », a affirmé le chef de l’État congolais. Pour lui, ces combattants sont mus par des intérêts financiers et n’ont aucun véritable agenda politique.

Face à cette impasse, Tshisekedi privilégie le dialogue avec les instances dirigeantes rwandaises plutôt qu’avec le groupe armé lui-même. « Dans ces conditions, je ne vois pas comment on peut construire quelque chose de solide et de véritable avec ces inféodés. Il valait donc mieux discuter avec leur mentor. »

Le président congolais réaffirme son engagement envers les processus de paix de Luanda et de Nairobi, soutenus par l’Union africaine et les Nations unies. Il rappelle par ailleurs la résolution 2773 du Conseil de sécurité de l’ONU, adoptée fin février, qui exige le retrait des troupes rwandaises du territoire congolais et la cessation du soutien militaire au M23.

Des sanctions internationales contre Kigali et le M23

Dans un contexte de pressions diplomatiques croissantes, l’Union européenne a récemment adopté des sanctions contre plusieurs officiers rwandais et des cadres du M23. Tshisekedi salue cette décision et estime qu’elle marque un tournant dans la prise de conscience internationale.

« La communauté internationale se sentait responsable de ce drame et fermait les yeux sur les crimes commis en RDC. J’en veux pour preuve le rapport Mapping de 1993 à 2003 sur les exactions commises dans notre pays, qui a été rangé dans les tiroirs des Nations unies », rappelle-t-il avec amertume.

Il fustige également l’exploitation illégale des ressources congolaises par le Rwanda, dénonçant un système où « certains achètent les matières stratégiques que le Rwanda vient piller chez nous, au prix du sang ». Pour lui, les sanctions européennes, s’ajoutant à celles du Canada, des États-Unis et du Royaume-Uni, confirment une évidence : « Indubitablement, l’agresseur de la RDC s’appelle le Rwanda. »

La réforme de l’armée congolaise en marche

Dans un contexte de tensions sécuritaires persistantes, le président Tshisekedi insiste sur la nécessité de renforcer et restructurer les Forces armées de la RDC (FARDC).

« Le vrai problème, c’est qu’elle n’est pas uniforme. Elle est hétéroclite, formée de l’intégration, par petits morceaux, de groupes armés ou de miliciens. C’est un fourre-tout qu’il faut maintenant transformer en un seul corps, avec un seul état d’esprit », explique-t-il.

Pour accompagner cette réforme, le gouvernement a revu la solde des militaires. « Un militaire au front touche en moyenne 500 dollars », contre 100 dollars auparavant, une augmentation destinée à renforcer la motivation et la discipline au sein des troupes.

Désarmer tous les groupes armés, y compris le FDLR

Interrogé sur la question des Forces démocratiques de libération du Rwanda (FDLR), un groupe armé accusé de compter d’anciens génocidaires, Tshisekedi se veut catégorique : leur désarmement fait partie du processus de paix engagé à Nairobi.

« Mais bien sûr : désarmement, démobilisation et réinsertion. C’est ce que prévoit le processus de Nairobi avec l’éradication de tous les groupes armés, locaux ou étrangers, opérant dans l’est de la RDC », assure-t-il. Il relativise toutefois la menace posée par ce groupe, le qualifiant de « force résiduelle qui ne compte pas plus de 750 activistes et très peu d’anciens génocidaires ». Selon lui, le FDLR « ne pèse rien par rapport au M23 ».

Vers une paix durable ?

Malgré l’échec de la médiation en Angola, Félix Tshisekedi demeure engagé dans la recherche d’une solution durable à la crise dans l’Est de la RDC. Il mise sur la pression diplomatique et la réforme militaire pour restaurer la souveraineté du pays face à ce qu’il qualifie d’ »agression rwandaise ».

Avec une armée en pleine restructuration et un soutien international croissant, le président congolais espère inverser le rapport de force et mettre fin à des décennies d’instabilité. Reste à voir si ces efforts porteront leurs fruits dans un contexte régional toujours volatil.

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