Le professeur Florimond Muteba, président du Conseil d’administration de l’Observatoire de la dépense publique (ODEP), a de nouveau échappé à une tentative d’agression, marquant une inquiétante escalade de violence contre cet activiste et défenseur des droits civiques. Cette attaque intervient deux mois après une première tentative d’enlèvement en plein jour. Cette fois, sa résidence a été ciblée dans la nuit du 25 décembre 2024, à 3 heures du matin. Heureusement, grâce à la vigilance de ses gardiens, les agresseurs ont été repoussés, évitant ainsi des dommages humains et limitant les dégâts matériels.
Une tentative d’agression violente à la résidence de Florimond Muteba
La tentative d’agression a eu lieu à une heure avancée de la nuit, lorsque des individus armés ont saboté l’éclairage à l’entrée de la résidence de Florimond Muteba. Profitant de l’obscurité créée, ils ont tenté d’escalader les murs de la propriété. Cependant, les gardiens, alertés par des bruits suspects, ont réagi rapidement. Ils ont fait fuir les assaillants, limitant ainsi les dégâts matériels et évitant de nouveaux drames. « En entendant des bruits suspects, les gardiens sont immédiatement sortis dans la rue et ont mis les assaillants en déroute », a témoigné l’un des responsables de la sécurité.
Ce nouvel incident suscite de vives interrogations parmi les avocats et la société civile. « Qui sont les commanditaires ? À qui devait profiter ce crime ? », s’interrogent les conseillers juridiques de la victime, insistant sur la nécessité d’une enquête approfondie pour élucider cette agression répétée. Les défenseurs des droits civiques appellent les autorités à prendre des mesures concrètes pour protéger les activistes et dénoncent un climat de violence et d’intimidation de plus en plus présent en République Démocratique du Congo.
Florimond Muteba : Une cible en raison de son engagement contre la corruption
Cette nouvelle tentative d’agression soulève de graves préoccupations concernant la sécurité de Florimond Muteba, un défenseur acharné de la transparence et de la bonne gouvernance. En tant que président de l’ODEP, il a mené plusieurs enquêtes sur des pratiques financières douteuses au sein des institutions publiques, dénonçant notamment des détournements de fonds et des irrégularités dans la gestion des finances publiques. Le professeur Muteba est notamment connu pour ses révélations concernant l’Autorité de régulation de la poste et des télécommunications du Congo (ARPTC), ce qui a visiblement fait de lui une cible pour certains intérêts puissants.
L’ODEP, sous sa direction, a récemment révélé des pratiques scandaleuses au sein de l’ARPTC. Selon un rapport publié en août 2024, les 7 membres du collège dirigeant de cette institution ont perçu près de 18,6 millions de dollars entre 2021 et 2023, des montants versés dans une totale opacité. Cette révélation a choqué l’opinion publique, qui a été outrée par les sommes faramineuses que les dirigeants de l’ARPTC se sont octroyées, tandis que des millions de Congolais continuent de vivre dans la pauvreté.
Une justice à géométrie variable ?
Ce qui inquiète encore plus les défenseurs des droits humains, c’est que malgré ces révélations fracassantes, c’est Florimond Muteba qui se retrouve aujourd’hui poursuivi en justice, et non les responsables de ces détournements. La plainte déposée contre lui provient d’un membre du Conseil d’administration de l’ARPTC, et l’action en justice semble être une tentative de faire taire l’activiste en réponse aux enquêtes de l’ODEP.
Les sommes perçues par les dirigeants de l’ARPTC, selon les révélations de l’ODEP, sont particulièrement choquantes : chaque membre du collège dirigeant a touché en moyenne 2,3 millions de dollars par an, soit environ 340 000 dollars par mois. Le président du collège percevait jusqu’à 439 471 dollars mensuels, des montants bien supérieurs aux salaires des parlementaires congolais. En dépit de ces révélations qui auraient dû éveiller l’attention des autorités judiciaires, c’est Florimond Muteba qui se retrouve désormais dans le viseur de la justice. « Où est passé l’État de droit ? », s’indignent plusieurs membres de la société civile, soulignant que la véritable enquête devrait se concentrer sur la gestion de l’ARPTC et non sur ceux qui dénoncent ces irrégularités.
Un appel à la protection des défenseurs des droits civiques
Face à ces attaques répétées contre Florimond Muteba, les organisations de la société civile et ses avocats ont lancé un appel pressant aux autorités congolaises pour qu’elles prennent des mesures urgentes afin de garantir la sécurité des défenseurs des droits civiques. « Il est urgent que lumière soit faite sur ces actes répétés, pour garantir non seulement la sécurité de M. Muteba, mais aussi la protection de tous ceux qui œuvrent pour le bien de la République », a souligné le conseil de l’opposant.
Les défenseurs des droits humains rappellent que la lutte pour la transparence et contre la corruption est un combat vital pour le développement de la République Démocratique du Congo. « Le travail de l’ODEP est crucial pour garantir une gestion saine des ressources publiques. Si nous laissons ces attaques persister sans réaction, cela enverra un message terrible à tous ceux qui se battent pour un Congo meilleur », a ajouté un activiste engagé.