Dans une interview accordée au média français Jeune Afrique après sa sortie de prison, Jean-Marc Kabund, ancien premier vice-président de l’Assemblée nationale et ex-proche collaborateur de Félix Tshisekedi, n’a pas mâché ses mots à l’égard du chef de l’État congolais. Il dénonce une dérive autoritaire et une gestion catastrophique du pays, marquée par une tentative de modification de la Constitution pour s’éterniser au pouvoir.
Un projet de troisième mandat qualifié de “coup d’État constitutionnel”
Jean-Marc Kabund s’attaque frontalement à l’éventualité d’une révision constitutionnelle permettant à Félix Tshisekedi de briguer un troisième mandat. “Une révision constitutionnelle ponctuelle pourrait être légitime si elle répondait à l’intérêt général. En revanche, la manœuvre visant à modifier la loi fondamentale pour permettre un troisième mandat, voire plus, relève d’un coup d’État constitutionnel”, affirme-t-il.
Selon lui, un tel projet irait à l’encontre des idéaux démocratiques défendus par Étienne Tshisekedi, figure historique de l’opposition congolaise. Il estime que cette initiative constitue une insulte à la mémoire des martyrs de la démocratie et un facteur de division sociale et sécuritaire. “C’est une telle tentative de hold-up institutionnel qui a précipité le Congo dans le chaos actuel”, déplore-t-il, dénonçant des discours belliqueux de la part des promoteurs de cette réforme.
Un bilan présidentiel accablant
Outre la question institutionnelle, Jean-Marc Kabund critique sévèrement la gouvernance de Félix Tshisekedi. Pour lui, le mandat en cours est synonyme de déclin pour la République démocratique du Congo. “Le bilan est sans appel. Sous son mandat, le pays sombre dans la violence, avec l’Est en proie à la guerre, l’appauvrissement de 80 % de la population sous le seuil de pauvreté et l’autoritarisme.”
Il attribue ces échecs à une gestion clientéliste et à un mépris total pour l’État de droit. Selon l’ex-numéro deux de l’Assemblée nationale, la RDC est aujourd’hui plus fracturée que jamais, notamment en raison d’une gouvernance qu’il juge inefficace et irresponsable.