Les 16 et 17 décembre 2024, une rencontre historique s’est tenue sur le continent africain entre les deux principaux leaders de l’opposition congolaise : Joseph Kabila, ancien président de la République démocratique du Congo (RDC), et Moïse Katumbi, ancien gouverneur du Katanga et principal rival politique de Félix Tshisekedi. Ce rapprochement, qui marque un tournant important dans la politique congolaise, s’est produit dans un contexte de tensions croissantes face à une opposition qui dénonce « les dérives du pouvoir actuel en RDC».
Des années de fluctuations et de rivalités
Les relations entre Joseph Kabila et Moïse Katumbi ont été marquées par des hauts et des bas. Alliés politiques jusqu’en 2015, les deux hommes ont ensuite traversé une période de violentes confrontations, en particulier après la fin du mandat de Kabila en 2019, et plus encore avec la montée en puissance de Félix Tshisekedi. Ce dernier, élu en 2018, a suscité de vives polémiques, notamment en raison de ses intentions de briguer un troisième mandat.
En effet, la question de la modification de la Constitution et des ambiguïtés concernant les intentions de Tshisekedi ont ravivé les tensions dans le pays, où de nombreux observateurs craignent un retour en force de la pratique des prolongations de mandats, une habitude prise par les régimes précédents.
Le climat politique actuel, marqué par des déclarations contradictoires de la part de Félix Tshisekedi et de ses proches concernant ses ambitions de rester au pouvoir, a donc incité Joseph Kabila et Moïse Katumbi à se retrouver pour préparer une réponse commune face à ces « dérives du pouvoir actuel ».
Une réunion stratégique pour préparer 2025
La rencontre de la semaine dernière, qui n’a pas seulement été une simple poignée de main mais un véritable travail de fond, a permis aux deux opposants historiques de poser les bases d’une collaboration. Les deux leaders, accompagnés de leurs principaux lieutenants, ont discuté de plusieurs thématiques cruciales pour l’avenir politique de la RDC, en particulier sur la défense de la Constitution et la préservation de la démocratie.
Parmi les personnalités présentes lors de cette rencontre, on retrouvait des figures importantes des deux camps. Du côté du Front Commun pour le Congo (FCC) de Joseph Kabila, étaient présents Raymond Tshibanda, Néhémie Mwilanya, Barnabé Kikaya, et Moïse Ekanga. Du côté de Moïse Katumbi et de son parti Ensemble, on notait la présence de Salomon Kalonda, Olivier Kamitatu, Hervé Diakiese, et Claudel Lubaya.
La Constitution menacée par un troisième mandat ?
La principale inquiétude des deux opposants est la possibilité que Félix Tshisekedi tente de briguer un troisième mandat, malgré la Constitution congolaise qui limite les présidents à deux mandats. Dix ans après l’échec de Kabila à obtenir un « troisième mandat » en 2015, lorsque la mobilisation populaire avait contraint le régime à abandonner ce projet, les observateurs estiment que la question reste plus que jamais d’actualité.
Les ambiguïtés des déclarations de Félix Tshisekedi sur sa volonté de rester au pouvoir, couplées à la situation politique tendue, ont renforcé les craintes que la RDC ne sombre à nouveau dans des dérives autoritaires. L’objectif de Kabila et Katumbi, en se réunissant, est de mobiliser le peuple congolais pour faire respecter la Constitution et empêcher toute tentative de maintien au pouvoir au-delà des limites fixées.
Vers une mobilisation de l’opposition
Les deux figures de l’opposition sont conscientes que 2025 sera une année décisive pour l’avenir politique de la RDC. Les tensions sociales et politiques devraient atteindre un niveau élevé à mesure que les élections de 2025 approchent, et le climat de mécontentement face à la gouvernance actuelle pourrait exacerber les revendications populaires. En s’unissant, Kabila et Katumbi cherchent à constituer un front politique plus solide capable de défier l’actuel président et de défendre les principes démocratiques.
Cet accord entre les deux anciens rivaux pourrait également avoir un impact sur les élections à venir, en renforçant la mobilisation de l’opposition et en consolidant leur base électorale respective. Leur objectif commun est clair : empêcher une nouvelle dérive du pouvoir et garantir que la RDC reste fidèle aux principes de la Constitution, sans qu’un individu ne puisse s’installer durablement au sommet de l’État.
Une année de vives tensions à venir
Alors que les tensions s’intensifient et que l’opposition se structure autour de ce rapprochement stratégique, 2025 s’annonce comme une année clé pour la RDC. La détermination des deux hommes à préserver l’intégrité de la Constitution pourrait bien redéfinir le paysage politique du pays, avec des enjeux majeurs non seulement pour les élections, mais aussi pour l’avenir démocratique du pays.
Le rapprochement entre Joseph Kabila et Moïse Katumbi illustre une nouvelle dynamique dans la politique congolaise, où les intérêts partisans et personnels semblent céder le pas à une mobilisation commune face aux dangers d’un pouvoir autoritaire. La RDC se prépare à une année 2025 pleine de défis, de mobilisations populaires et de confrontations politiques déterminantes.