Lors de la Journée de la liberté de la presse, le discours du président du Conseil supérieur de l’audiovisuel et de la communication (CSAC), M. Christian Bosembe, prononcé devant le Président de la République, a suscité une vive indignation. Loin d’honorer l’esprit de cette journée consacrée à la défense des droits des journalistes, ses propos ont été perçus par beaucoup comme une insulte à la mémoire de ceux qui ont payé le prix fort pour avoir exercé leur métier.
Comment ne pas penser à l’arrestation humiliante du journaliste Steve Wembi ou à celle, illégale et profondément choquante, de Stanys Bujakera, maintenu en détention au mépris des procédures judiciaires élémentaires ? Ces exemples ne sont pas des anecdotes : ils incarnent la réalité inquiétante à laquelle est confrontée la presse congolaise.
Dans un pays où les autorités semblent vouloir tourner rapidement la page des abus, la population, elle, n’oublie pas. Elle se souvient de chaque journaliste contraint à l’exil, de chaque micro réduit au silence, de chaque plume brisée.
M. Bosembe, en tant que président du CSAC, avait le devoir moral et institutionnel de dire la vérité — toute la vérité — au Chef de l’État. Il aurait dû rappeler que le journaliste n’est ni un opposant, ni un courtisan, mais un témoin indépendant, fidèle à sa mission d’informer.
Or, son discours, marqué par un ton flatteur et une volonté apparente de plaire au pouvoir, a trahi les attentes. Là où l’on espérait une dénonciation des atteintes à la liberté de la presse, on a entendu un éloge sans nuance, une rhétorique empreinte de prudence, voire de peur.
C’est une attitude d’autant plus regrettable qu’elle émane d’une jeunesse censée incarner le renouveau démocratique. Une jeunesse qui, au lieu de défendre fermement la liberté d’informer, semble parfois se réfugier dans le populisme pour mieux servir des intérêts politiques.
À l’heure où les journalistes congolais continuent de faire face à des pressions, des intimidations et des arrestations arbitraires, le silence complice des institutions censées les protéger est plus qu’un échec : c’est une trahison.