Des voix s’élèvent au sein de l’opposition congolaise pour dénoncer ce qu’elles qualifient de « privation arbitraire de documents de voyage », alimentant les soupçons d’une instrumentalisation politique du passeport congolais par les autorités de Kinshasa.
Bien que le gouvernement n’ait jamais reconnu officiellement l’existence d’une telle pratique, plusieurs cas récents semblent indiquer un schéma de blocages ciblés visant des figures critiques du pouvoir.
Parmi les exemples les plus marquants, Moïse Katumbi, ancien gouverneur du Katanga et candidat malheureux à la présidentielle, attendrait le renouvellement de son passeport depuis près de 18 mois. Un de ses proches collaborateurs affirme que cette situation relève d’une volonté claire de « limiter les déplacements internationaux des opposants », notamment dans le contexte postélectoral tendu.
Début avril, Mike Mukebayi, député et opposant ouvertement critique du régime, a déclaré avoir été « illégalement privé d’un passeport malgré un dossier complet et conforme ».
Des proches de l’ancien président Joseph Kabila évoquent également des blocages similaires. Sa sœur jumelle, Jaynet Kabila, aurait attendu 14 mois avant d’obtenir son passeport. Quant à Kikaya bin Karubi, ancien conseiller diplomatique de Kabila, il affirme n’avoir reçu aucun document depuis plus de dix mois, sans justification formelle.
Interrogés à ce sujet, les ministères concernés n’ont pas souhaité commenter ces cas. Aucun motif officiel n’a été communiqué par l’administration en charge de l’immigration ou des affaires étrangères.
Pour les ONG de défense des droits civils, cette pratique – si elle est avérée – constituerait une atteinte à la liberté de circulation garantie par la Constitution congolaise. À l’international, plusieurs partenaires de la RDC suivent ces développements avec inquiétude, dans un contexte où les tensions politiques persistent après les élections contestées de 2023.