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vendredi, juin 27, 2025

Kinshasa travaille discrètement sur la mise à l’écart de Kabila

Un bras de fer silencieux mais intense se joue entre la République Démocratique du Congo (RDC) et la Cour Pénale Internationale (CPI). Alors que la Cour a récemment rouvert ses enquêtes sur la situation en RDC, des sources indiquent que le pouvoir en place à Kinshasa aurait exercé de fortes pressions sur le Procureur de la CPI, Karim Khan, afin d’orienter les investigations vers l’ancien Président Joseph Kabila.

Selon plusieurs sources diplomatiques et sécuritaires, une commission d’experts mandatée par la Présidence congolaise, l’Auditorat militaire et les services de renseignement aurait constitué un dossier à charge contre Kabila, remis au Bureau du Procureur. Toutefois, l’initiative aurait rencontré des résistances notables au sein de l’équipe de Karim Khan.

Des réticences au sein du Bureau du Procureur

D’après une ancienne cadre de la CPI, les enquêteurs expriment des doutes quant à la solidité juridique du dossier soumis par Kinshasa. En premier lieu, certaines allégations peineraient à répondre aux critères définissant des crimes relevant de la compétence de la Cour. En second lieu, l’image de Joseph Kabila au sein de la CPI, notamment pour sa coopération passée avec l’institution, constituerait un frein à une démarche judiciaire précipitée.

Durant son mandat (2001-2019), l’ancien président congolais avait en effet facilité la coopération entre son pays et la CPI, permettant notamment le transfert et le jugement de plusieurs ressortissants congolais accusés de crimes internationaux. Cette position avait contribué à renforcer son image auprès des instances judiciaires internationales.

Un bras de fer politique et un compromis trouvé

Face aux réserves du Bureau du Procureur, Kinshasa n’a pas relâché la pression. Selon nos informations, les autorités congolaises auraient insisté sur la nécessité de donner une suite favorable à leur demande, mettant en avant les relations de coopération entre la RDC et la CPI. La Cour, qui fait face à de nombreux défis géopolitiques et diplomatiques, notamment sous l’administration Trump et avec certains de ses alliés, aurait ainsi dû composer avec la situation.

Un compromis aurait finalement été trouvé : plutôt qu’une ouverture formelle d’une enquête contre Joseph Kabila, la CPI se contenterait de lui adresser une invitation « à titre d’information ». Cette démarche, bien que ne constituant pas une inculpation en soi, permettrait au pouvoir en place à Kinshasa de lancer une vaste campagne médiatique visant à ternir l’image de l’ancien président et à le disqualifier des enjeux politiques en cours en RDC.

Une instrumentalisation de la justice internationale ?

Ce développement soulève des interrogations sur l’éventuelle instrumentalisation de la CPI à des fins politiques. Si la Cour a toujours affiché sa volonté de demeurer indépendante, les réalités diplomatiques et politiques peuvent parfois influer sur ses priorités. L’affaire Kabila, qui s’inscrit dans un contexte de tensions internes en RDC, illustre à quel point la justice internationale peut être prise en étau entre les considérations judiciaires et les jeux de pouvoir.

Reste à savoir comment Joseph Kabila réagira à cette invitation et quel impact cette affaire pourrait avoir sur la scène politique congolaise. Une chose est certaine : l’ombre de la CPI plane désormais sur les équilibres politiques de Kinshasa.

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