Le Centre pénitentiaire de rééducation de Kinshasa (CPRK), communément appelé prison centrale de Makala, abrite aujourd’hui environ 8 000 détenus, contre plus de 16 000 en juin 2024. Cette baisse significative du nombre de détenus a été annoncée ce lundi 6 janvier 2025 lors d’un briefing conjoint par le ministre d’État en charge de la Justice, Constant Mutamba, et le ministre de la Communication et des Médias, Patrick Muyaya.
Selon le ministre Constant Mutamba, cette réduction du nombre de détenus à Makala est le fruit des efforts soutenus du gouvernement pour désengorger cet établissement pénitentiaire emblématique de la capitale congolaise. Le ministre a précisé que ces initiatives avaient également contribué à une diminution du taux de mortalité à l’intérieur de la prison, qui était autrefois alarmant.
« À notre arrivée en juin 2024, la prison comptait plus de 16 000 détenus. Aujourd’hui, en décembre 2024, ce chiffre est passé à 8 000. Cela montre les efforts déployés pour désengorger la prison et améliorer les conditions de vie des détenus. Le taux de mortalité, autrefois préoccupant, a aussi considérablement baissé. Ces résultats illustrent une volonté politique claire et la détermination à suivre les instructions du magistrat suprême », a déclaré le ministre de la Justice.
Mutamba a également mis en lumière les graves dérives qu’il a trouvées à Makala à son arrivée. Il a dénoncé la présence de détenus en possession d’armes blanches, de réchauds et de téléphones, une situation qu’il a qualifiée d’inhabituelle et inacceptable. « À Makala, nous avons trouvé des détenus en possession d’armes blanches, de réchauds et de téléphones. Une telle situation n’existe nulle part ailleurs dans le monde. Nous n’avons pas été nommés pour tolérer ces dérives. Notre mission est de réformer et de redresser le système carcéral », a-t-il affirmé.
Le ministre a également annoncé qu’une politique de construction de nouvelles prisons serait mise en place pour améliorer les conditions de détention à l’échelle nationale. Cette initiative vise à désengorger les établissements pénitentiaires existants et à garantir la sécurité des détenus.
La prison de Makala, créée en 1957 sous l’administration coloniale belge, est l’une des plus anciennes et des plus surpeuplées du pays. Elle est située entre les communes de Makala et Selembao, et bien qu’elle ait une capacité théorique de 1 500 détenus, elle a régulièrement dépassé les 16 000 détenus, entraînant des conditions de vie difficiles et une gestion interne de la sécurité assurée par les détenus eux-mêmes, faute de suffisamment de policiers ou de gardiens dans les pavillons.
Les conditions de vie à Makala avaient été révélées au grand jour grâce à la publication de vidéos clandestines par Stanis Bujakera, journaliste et ancien détenu de la prison. Ces vidéos, qui ont montré l’extrême précarité des conditions de détention, avaient choqué l’opinion publique et poussé le gouvernement à entamer un processus de libération conditionnelle afin de réduire la surpopulation carcérale.
Ces réformes dans le secteur pénitentiaire sont perçues comme un pas important vers la modernisation et l’amélioration du système judiciaire et carcéral congolais. Cependant, beaucoup reste à faire pour assurer des conditions de détention humaines et sécuritaires pour tous les détenus du pays.