Lawrence Kanyuka Kingston, porte-parole du mouvement rebelle M23, figure désormais sur la liste des personnalités sanctionnées par le département du Trésor américain. Cette décision intervient dans un contexte de tensions croissantes dans l’est de la République Démocratique du Congo (RDC), où le M23, soutenu par le Rwanda selon plusieurs sources internationales, mène une insurrection armée contre le gouvernement congolais.
Un parcours marqué par l’engagement politique et la rébellion
De nationalité britannique mais originaire du Kasaï, Lawrence Kanyuka Kingston s’est initialement engagé en politique en tant que cadre de l’Union pour la Nation Congolaise (UNC), parti de l’opposant Vital Kamerhe. Cependant, son parcours au sein de cette formation s’est brusquement interrompu en 2013 lorsqu’il a été exclu et radié du parti.
Dès 2012, il rejoint le Mouvement du 23 mars (M23), une rébellion active dans l’est du Congo, accusée par plusieurs organisations internationales d’être soutenue militairement et financièrement par le Rwanda. Après la défaite militaire du mouvement en 2013 face aux forces armées congolaises et à la brigade d’intervention de l’ONU, Kanyuka choisit de rester en Ouganda avec d’autres cadres du M23 réfugiés à Kampala.
Une influence croissante au sein des mouvements rebelles
Depuis 2022, Lawrence Kanyuka Kingston est devenu le porte-parole officiel du M23, se positionnant comme l’une des voix les plus influentes du mouvement. Plus récemment, il a également été identifié comme un acteur clé au sein de l’Alliance Fleuve Congo (AFC), une coalition rebelle dirigée par Corneille Nangaa et Bertrand Bisimwa. Cette nouvelle entité se présente comme une alternative politique et militaire au régime du président Félix Tshisekedi.
Un acteur économique actif en Europe
Outre son engagement militaire et politique, Lawrence Kanyuka Kingston est également un homme d’affaires. En 2017, il fonde à Paris une société de conseil en exploitation minière, baptisée « Kingston Holding ». Cette entreprise, toujours en activité, est domiciliée rue Saint-Honoré, l’une des artères les plus prestigieuses et onéreuses de la capitale française.
Sanctions américaines et implications
Le Trésor américain a annoncé hier des sanctions à son encontre, en même temps que celles visant James Kabarebe, ancien chef d’état-major rwandais et conseiller spécial du président Paul Kagame. Ces mesures prévoient le gel des avoirs et l’interdiction de toute transaction financière avec des entités américaines, en raison de leur implication présumée dans la déstabilisation de la RDC.
Les sanctions pourraient avoir un impact significatif sur les activités économiques de Kanyuka, notamment celles de Kingston Holding. Par ailleurs, elles renforcent la pression internationale sur le M23 et ses soutiens, alors que la communauté internationale tente de favoriser une résolution pacifique du conflit en RDC.
L’annonce de ces mesures intervient alors que les combats se poursuivent dans l’est du Congo, alimentant les tensions entre Kinshasa et Kigali. La réaction du M23 et de ses alliés reste attendue dans les prochains jours, alors que la situation sur le terrain demeure extrêmement volatile.