La guerre qui ravage l’Est de la République Démocratique du Congo (RDC) ne cesse de s’intensifier et prend désormais les allures d’un conflit régional ouvert, impliquant plusieurs armées étrangères et aggravant une situation humanitaire déjà catastrophique.
Selon les Nations Unies, le Rwanda aurait déployé entre 7 000 et 12 000 soldats pour appuyer les rebelles du M23, accusés de semer la terreur dans le Nord-Kivu. De l’autre côté, le Burundi, qui avait initialement engagé près de 12 000 soldats aux côtés des Forces armées congolaises (FARDC), a revu sa présence à la baisse, maintenant un contingent estimé entre 2 000 et 3 000 hommes.
L’Ouganda, officiellement engagé en RDC dans le cadre de la lutte contre les islamistes des ADF, a lui aussi renforcé son dispositif, portant à 5 000 ou 6 000 le nombre de ses militaires sur le sol congolais. Cependant, des experts onusiens pointent du doigt une possible double posture de Kampala, accusé d’apporter également un soutien discret au M23, aux côtés de Kigali.
Dans ce contexte explosif, la Mission de l’ONU en RDC (MONUSCO) maintient encore environ 11 000 Casques bleus déployés dans la région, malgré le calendrier de retrait progressif déjà enclenché. De son côté, l’Afrique du Sud a envoyé quelque 1 200 soldats dans le cadre d’une force régionale, avec de nouveaux renforts annoncés en février dernier.
Depuis janvier, cette escalade de violence a coûté la vie à plus de 7 000 personnes, tandis qu’au moins 600 000 civils ont été contraints de fuir leurs foyers depuis novembre, selon les chiffres des organisations humanitaires.
La situation sur le terrain demeure extrêmement tendue, et les appels à une désescalade peinent à trouver écho face à la multiplication des acteurs armés et des intérêts croisés dans la région des Grands Lacs. À mesure que les affrontements se prolongent, la crainte d’un embrasement général grandit, laissant redouter le pire pour les millions de civils pris au piège.
Samuel Mutoni
