Le groupe armé M23/Alliance des Forces du Changement (AFC) continue d’étendre son contrôle sur plusieurs mines stratégiques situées dans les provinces du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. En s’appropriant ces sites riches en minerais précieux, le mouvement renforce son influence économique et militaire dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), une région en proie aux conflits depuis plusieurs décennies.
Un contrôle renforcé sur les ressources minières
Au cours des dernières semaines, le M23/AFC a consolidé sa présence dans plusieurs zones minières clés :
- Bisie (Walikale) : Cette mine, considérée comme l’une des plus grandes réserves mondiales d’étain, est désormais sous le contrôle du M23/AFC. Outre l’étain, Bisie regorge de coltan et de cassitérite, des minerais indispensables aux industries électronique et aérospatiale.
- Rubaya (Masisi) : Ce site, vital pour l’extraction du coltan, est crucial pour la fabrication de smartphones et de batteries. L’occupation par le M23/AFC a privé plus de 6 000 creuseurs artisanaux de leurs moyens de subsistance.
- Lueshe (Rutshuru) : Le mouvement a pris possession de l’unique mine de pyrochlore d’Afrique, essentielle pour l’extraction du niobium, un métal stratégique utilisé dans l’industrie aéronautique et militaire.
- Musigha (Lubero) : En s’implantant dans cette zone aurifère, le M23/AFC a contraint plusieurs groupes armés locaux à s’aligner sur sa politique afin de préserver leurs intérêts économiques.
- Lumbishi (Kalehe, Sud-Kivu) : Ce site, riche en tourmaline, coltan, or et cassitérite, est désormais sous l’emprise du groupe armé, accentuant son contrôle sur les ressources minières de la région.
Des enjeux économiques et stratégiques majeurs
L’exploitation et la commercialisation de ces minerais permettent au M23/AFC de financer ses opérations militaires et d’entretenir son réseau logistique. Selon plusieurs experts, le contrôle de ces mines confère au groupe un pouvoir significatif sur le marché régional des minerais stratégiques, souvent exportés illégalement vers des pays voisins avant d’intégrer les chaînes d’approvisionnement mondiales.
Les populations locales, quant à elles, subissent les conséquences directes de cette mainmise : déplacement forcé des mineurs artisanaux, violences, et pertes de revenus pour des milliers de familles dépendant de ces ressources pour leur survie.
Un défi pour Kinshasa et la communauté internationale
La prise de contrôle de ces sites par le M23/AFC représente un défi majeur pour le gouvernement congolais, qui peine à restaurer son autorité dans l’est du pays. Kinshasa, appuyée par ses partenaires internationaux, a dénoncé à plusieurs reprises l’ingérence étrangère derrière ce groupe armé, sans parvenir à enrayer son expansion.