Le Mali, dirigé par une junte militaire depuis le coup d’État d’août 2020, a annoncé son retrait de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), marquant une nouvelle étape dans sa rupture avec les institutions occidentales et francophones. Cette décision intervient au lendemain des retraits similaires du Burkina Faso et du Niger, ses alliés au sein de l’Alliance des États du Sahel (AES).
Dans un communiqué officiel, les autorités maliennes ont justifié ce départ par la nécessité de préserver leur souveraineté et de s’éloigner d’une organisation qu’elles accusent d’« ingérence » et de « parti pris » dans la gestion des affaires internes du pays. « Le Mali refuse d’être sous tutelle et entend tracer son propre chemin en dehors des influences extérieures », a déclaré le porte-parole du gouvernement.
Une rupture progressive avec la Francophonie
Depuis la prise de pouvoir par la junte, le Mali s’est progressivement distancé des institutions et partenariats traditionnels avec la France et l’Occident. En 2022, l’OIF avait suspendu le pays de ses instances, invoquant l’absence de processus démocratique clair après le renversement du président Ibrahim Boubacar Keïta. Cette mise à l’écart avait été perçue par Bamako comme une sanction injuste.
Le retrait du Mali s’inscrit ainsi dans une dynamique plus large de rejet des institutions perçues comme des relais d’influence de Paris. Le Burkina Faso et le Niger ont eux aussi officialisé leur sortie de l’OIF, affirmant leur volonté de repenser leurs alliances diplomatiques et linguistiques.
Un tournant diplomatique majeur
Ce départ marque un tournant important dans les relations du Mali avec le monde francophone. L’OIF, créée en 1970, regroupe 88 États et gouvernements partageant l’usage du français et prônant des valeurs communes telles que la démocratie, les droits de l’homme et la coopération culturelle et économique.
Avec cette décision, Bamako renforce son ancrage au sein de l’AES, qui affiche une volonté de s’émanciper des influences extérieures et de privilégier des partenariats alternatifs, notamment avec la Russie et la Chine.
Quels impacts pour le Mali ?
Sur le plan linguistique et culturel, le français reste la langue officielle du Mali, et ce retrait ne devrait pas avoir d’impact immédiat sur son usage. Cependant, les conséquences pourraient être plus marquées en matière de coopération éducative et économique, l’OIF jouant un rôle important dans le financement de projets de développement et d’éducation.
Reste à savoir si cette rupture avec l’OIF sera suivie d’autres décisions similaires vis-à-vis d’autres institutions internationales, alors que le Mali et ses alliés du Sahel poursuivent leur redéfinition stratégique sur la scène mondiale.