Le député européen Mounir Satouri a dénoncé, mardi, l’utilisation du viol comme arme de guerre par le Rwanda, affirmant qu’il est utilisé pour déplacer les populations de la République Démocratique du Congo (RDC) dans le but de piller ses ressources minières, notamment le coltan. Lors d’une audition au Parlement européen avec Kaja Kallas, la nouvelle haute représentante pour les Affaires étrangères et la politique de sécurité de l’Union européenne, Mounir Satouri a appelé l’UE à « agir » pour mettre fin aux exactions de l’armée rwandaise dans l’est de la RDC.
Dans son intervention, Satouri a souligné que le viol est devenu une véritable « arme de guerre » dans cette région, visant à détruire les femmes et leurs communautés. « Par le viol, par le recours à l’esclavage sexuel, le corps des femmes est devenu un champ de bataille en RDC, comme au Soudan », a-t-il déclaré. Il a également mis en lumière l’ampleur du phénomène, soulignant que de nombreuses mineures accouchent après avoir été violées, une conséquence directe de l’utilisation du viol comme méthode pour terroriser les populations et les pousser à fuir leurs terres.
L’eurodéputé a aussi dénoncé le rôle du Rwanda dans ce conflit, accusant le pays de Paul Kagame de recourir à la violence sexuelle pour déplacer les populations congolaises et ainsi faciliter l’exploitation des ressources naturelles, principalement le coltan, dans l’est de la RDC. Il a rappelé que plusieurs rapports ont confirmé que le Rwanda est un point clé dans le commerce illicite de ces minerais, malgré les accords visant à développer des chaînes de valeur durables pour les matières premières critiques, signés entre Kigali et l’UE en février 2024.
Satouri a interpellé directement Kaja Kallas, lui demandant si l’UE se considère comme complice de ces crimes en achetant des minerais en provenance du Rwanda sans tenir compte des exactions commises en RDC. Il a cité le docteur Denis Mukwege, lauréat du prix Nobel de la paix, qui a affirmé que ceux qui détournent le regard face aux violences doivent aussi être tenus responsables.
L’armée rwandaise, selon un rapport des Nations Unies, appuie divers groupes armés dans l’est de la RDC, avec plus de 4 000 soldats rwandais opérant au Nord-Kivu. En parallèle, le Rwanda a connu une forte augmentation de ses exportations de minerais, en particulier de coltan, de plus de 43 %.
Le député a ainsi appelé l’Union européenne à prendre des mesures concrètes pour mettre fin à cette situation et à ne pas rester passive face aux crimes de guerre et aux violations des droits humains dans la région.
L’UE, tout en soutenant des initiatives pour une chaîne d’approvisionnement plus responsable, se retrouve sous pression, accusée de fermer les yeux sur la réalité du commerce des minerais et son impact dévastateur sur la population congolaise.