Une vive controverse secoue la sphère religieuse et politique congolaise autour du financement des récents déplacements internationaux des délégations catholique et protestante. En cause : des allégations faisant état d’un soutien logistique et financier de certains pays de la région, dont le Rwanda, aux voyages des représentants de la Conférence Épiscopale Nationale du Congo (CENCO) et de l’Église du Christ au Congo (ECC).
Tout est parti d’une déclaration de Mgr Fulgence Muteba, président de la CENCO, qui a reconnu que « plusieurs pays de la région ont pris en charge les frais de voyage des princes de l’Église, comme le Rwanda, le Kenya et l’Ouganda ». Ces propos ont rapidement été interprétés par certains comme un signe de collusion, notamment avec Kigali, alors que les tensions politiques et sécuritaires restent vives entre la RDC et le Rwanda.
Le Pasteur Éric Nsenga, de l’Église Catholique du Congo, a tenté d’apaiser les soupçons, précisant que « certains pays de la région avaient payé les billets pour les pasteurs et prêtres, et rien de plus ». Il a insisté sur le caractère purement logistique de cette aide, sans contrepartie ni interférence dans les missions menées.
Il faut rappeler que la délégation conjointe CENCO-ECC ne s’est pas limitée à des pays voisins. Elle s’est également rendue à Addis-Abeba, où elle aurait rencontré l’ancien président Joseph Kabila, ainsi qu’à Paris, Bruxelles et New York, dans le cadre de démarches diplomatiques en faveur d’une solution pacifique à la crise congolaise. Des destinations qui, selon plusieurs sources, ne peuvent pas être financées uniquement par des pays de la région.
D’après nos informations, la majorité des frais liés à ces déplacements seraient en réalité pris en charge par les deux structures religieuses elles-mêmes, dont les capacités financières, issues de leurs fidèles et de leurs implantations à travers le pays, restent solides.
Pour certains observateurs, cette polémique serait alimentée par des acteurs hostiles à l’influence croissante de ces organisations dans la médiation nationale. « C’est une tentative de décrédibilisation des Églises qui jouent un rôle central dans la recherche de la paix », confie un analyste politique sous couvert d’anonymat.
Alors que la CENCO et l’ECC poursuivent leur engagement dans la résolution pacifique des conflits, cette affaire rappelle les tensions permanentes entre influence religieuse, enjeux politiques et luttes de pouvoir en RDC.