Une vive polémique secoue les sphères politiques congolaises après la sortie virulente d’Olivier Kamitatu à l’encontre du ministre de la Justice, Constant Mutamba. Dans une déclaration publiée ce mardi, Kamitatu fustige ce qu’il qualifie de « scandale qui sent la prédation et le crime économique » autour d’un projet de construction d’une prison censée désengorger la prison centrale de Makala.
Selon l’ancien ministre et actuel opposant, le marché attribué à la société Zion Construction serait entaché de graves irrégularités. Il pointe d’abord un marché de gré à gré sans fondement, justifié, selon lui, par une « fausse urgence ». « La construction de prisons n’est pas une opération de crise », martèle-t-il.
Kamitatu s’indigne ensuite du choix d’une entreprise « fantoche », créée récemment, sans expérience ni références avérées. Il évoque l’existence de nombreuses entreprises congolaises ou étrangères bien plus qualifiées, mises de côté sans explication.
L’affaire prend une tournure encore plus grave lorsqu’il dénonce une surfacturation présumée du projet, estimé entre 29 et 39 millions de dollars pour un simple bâtiment R+2. « À moins qu’il ne s’agisse d’un palais doré déguisé en prison », s’exclame Kamitatu, réclamant la publication des plans validés et des documents techniques.
Autre point sensible : une avance de 19 millions de dollars, soit plus de 30 % du contrat, aurait été versée sans garantie bancaire solide. Pour Kamitatu, cette manœuvre constitue une gestion « complaisante » des finances publiques.
Enfin, il évoque des transferts de fonds suspects, soulignant que Zion Construction aurait ouvert un compte à Rawbank à la veille du versement, ce qui interroge sur la régularité de la procédure. « Les fonds du Trésor, qui devraient dormir à la Banque Centrale, se promènent dans des circuits douteux », dénonce-t-il.
La sortie d’Olivier Kamitatu est d’autant plus marquante qu’il s’adresse directement à Constant Mutamba, l’accusant de « prétention », de « suffisance médiatique », et de vouloir apparaître comme « le héraut de la morale » tout en étant, selon lui, « englué dans une affaire de prédation ».