En déplacement à Paris, Paul Nsapu, président de la Commission nationale des droits de l’homme de la République Démocratique du Congo (RDC), a accordé une interview exclusive dans laquelle il a lancé un message fort à l’ex-président Joseph Kabila, suite à son annonce de revenir en RDC par Kinshasa, et non par la partie orientale du pays comme il l’avait initialement promis.
Dans cette déclaration, Nsapu a abordé plusieurs sujets d’actualité, dont la situation géopolitique complexe qui oppose la RDC au Rwanda. Il a réaffirmé son engagement en faveur d’une intervention internationale dans le conflit, soulignant l’importance de la pression extérieure pour garantir la stabilité et le respect des droits humains en RDC.
Dénonciation des « Vrais Parrains » du Conflit
Paul Nsapu a souligné la responsabilité de Joseph Kabila et de Paul Kagame dans la crise actuelle, les qualifiant de « véritables parrains » de la coalition « AFC – M23 », qui, selon lui, contrôle actuellement deux grandes villes de l’Est de la RDC : Goma et Bukavu. Selon le président de la Commission des droits de l’homme, le président Félix Tshisekedi a su « démystifier » ces dirigeants et exposer leur rôle central dans la crise sécuritaire et humanitaire qui déstabilise la région. Pour Nsapu, il est crucial que la communauté internationale reconnaisse ces faits afin de pouvoir agir efficacement.
Le Retour de Joseph Kabila et la Réaction de Paul Nsapu
Un des moments forts de l’interview a été la réaction de Paul Nsapu à l’annonce du retour de Joseph Kabila en RDC. Ce dernier avait annoncé son intention de revenir via Kinshasa, contrairement à ce qu’il avait initialement prévu, c’est-à-dire en empruntant la route de l’Est. Nsapu a exprimé des doutes sur les véritables intentions de Kabila, insistant sur le fait qu’il est nécessaire de comprendre le contexte de son retour et les implications pour la politique intérieure et la sécurité du pays. La question de la paix, selon Nsapu, ne peut pas être réduite à des calculs politiques personnels, mais doit reposer sur des actions concrètes en faveur du peuple congolais.
La Stratégie pour la Paix : L’Importance des Jeunes Recrues
Paul Nsapu n’a pas seulement critiqué les acteurs politiques traditionnels, mais a aussi mis l’accent sur l’importance des jeunes recrues pour la construction d’une armée républicaine et démocratique. Il a cité les Wazalendo, un groupe de jeunes militants, comme une source d’espoir pour l’avenir de la RDC. Selon Nsapu, ces jeunes représentent une nouvelle génération prête à défendre les valeurs démocratiques et à restaurer la paix dans le pays. Il a également exprimé sa conviction que la RDC doit se reconstruire à travers une armée républicaine, débarrassée des vestiges du passé, notamment de l’ère Kabila, qui a, selon lui, dévasté les institutions militaires du pays pendant 18 ans.
La Position de la France : Une Hypocrisie Condamnée
Enfin, le président de la Commission des droits de l’homme a dénoncé l’attitude ambiguë de la France, qu’il qualifie d’ »hypocrite » en ce qui concerne le conflit entre la RDC et le Rwanda. Selon lui, la France a adopté une position favorable au Rwanda, tout en prétendant soutenir la RDC. Cette position, jugée incohérente par Nsapu, constitue un obstacle majeur à la résolution du conflit. Pour Paul Nsapu, il est primordial que la communauté internationale, et en particulier la France, adopte une position claire et cohérente en faveur de la paix et du respect des droits humains en RDC.
Conclusion : Un Appel à l’Action
Paul Nsapu a conclu son intervention par un appel fort à la communauté internationale et aux autorités congolaises. Il a insisté sur la nécessité de renforcer les efforts pour mettre fin à l’impunité, garantir la paix dans l’Est de la RDC et offrir un avenir meilleur aux générations futures. L’implication des jeunes, la reconstruction d’une armée républicaine, ainsi qu’une coopération internationale solide, sont, selon lui, les clés pour sortir la RDC de la crise dans laquelle elle se trouve plongée depuis trop longtemps.