Libéré le 1er mars après six mois de détention à la prison de Makala, l’opposant congolais Seth Kikuni s’est exprimé pour la première fois dans une interview accordée à Jeune Afrique. Il dénonce une « parodie de justice » et critique sévèrement le président Félix Tshisekedi, dont il demande la démission.
Une détention controversée
Arrêté le 2 septembre 2024 en marge d’une mutinerie à la prison centrale de Makala, Seth Kikuni avait été condamné à un an d’emprisonnement par le Tribunal de paix de Kinshasa-Gombe pour « incitation à la désobéissance civile » et « propagation de faux bruits ». L’opposant, qui conteste ces accusations, estime avoir été la cible d’une instrumentalisation de la justice à des fins politiques.
« J’ai été arrêté sans fondement légal et jugé dans des conditions inéquitables. Ce qui m’est arrivé illustre la dérive autoritaire du pouvoir », a-t-il déclaré.
Une attaque frontale contre Félix Tshisekedi
Seth Kikuni ne mâche pas ses mots à l’égard du chef de l’État, qu’il accuse de « privilégier son maintien au pouvoir au détriment de l’intérêt national ». Selon lui, Félix Tshisekedi a « perdu toute crédibilité » et représente désormais un « danger » pour le pays.
« La situation sécuritaire dans l’Est du Congo se détériore chaque jour, la crise économique s’aggrave, et le régime en place semble plus préoccupé par sa survie que par le sort du peuple », a-t-il martelé.
L’opposant soutient la récente initiative des Églises visant à trouver une issue politique à la crise qui secoue l’Est du pays. Il appelle également à un sursaut national pour « restaurer l’État de droit et éviter un effondrement total ».
Vers une recomposition de l’opposition ?
La libération de Seth Kikuni intervient dans un contexte politique tendu en RDC, marqué par une contestation croissante du régime en place. Plusieurs figures de l’opposition appellent à une mobilisation pour exiger des réformes démocratiques.
Reste à savoir quel rôle jouera Seth Kikuni dans les mois à venir. Comptant parmi les jeunes figures montantes de l’opposition, il pourrait incarner une alternative politique face au pouvoir en place. Pour l’heure, il assure vouloir continuer son combat « pour un Congo juste et prospère ».