La République Démocratique du Congo traverse une période de crise multiforme qui affecte profondément la vie quotidienne de ses citoyens. L’urgence sociale est omniprésente, et pourtant, une question politique s’impose dans les débats publics : celle de la révision de la Constitution. Si plusieurs responsables politiques, notamment au sein de l’UDPS, soulignent la nécessité d’une révision constitutionnelle, il demeure crucial de se demander si cet engagement est réellement justifié au regard des défis sociaux et économiques qui nous interpellent aujourd’hui.
La Constitution de la République Démocratique du Congo, entrée en vigueur en 2006, a été le fruit d’un long processus de négociations et d’engagements, souvent dans des conditions très difficiles. Il a fallu plusieurs centaines de millions de dollars pour sa rédaction et sa mise en œuvre. À l’heure actuelle, on peut légitimement se demander si cette dépense justifie une nouvelle révision, alors que notre pays est confronté à des défis de taille, tels que l’accès à l’éducation, à la santé, la sécurité alimentaire, et une situation environnementale particulièrement préoccupante.
À Kinshasa, par exemple, la gestion des déchets et la pollution de l’air atteignent des niveaux catastrophiques, tandis que dans les campagnes, la situation n’est guère meilleure, avec une absence criante de routes et d’infrastructures de base. Les Congolais vivent dans des conditions difficiles, et il est légitime de se demander si la priorité doit être donnée à une réforme politique de la Constitution ou à la mise en œuvre de politiques publiques qui répondent aux besoins fondamentaux de la population.
# Quelle révision pour quel objectif ?
La question de la révision constitutionnelle suscite des interrogations légitimes. Quel article de la Constitution devrait être modifié, et pourquoi ? La révision de certains articles pourrait-elle résoudre nos problèmes socio-économiques ? Ou bien cette démarche serait-elle une distraction des véritables enjeux auxquels nous devons faire face en tant que nation ? Faut-il ajouter de nouveaux articles pour répondre aux défis actuels, ou plutôt ajuster ceux existants pour mieux refléter la réalité sociale et économique du pays ?
Si la Constitution actuelle garantit nos droits fondamentaux, comme l’accès à la santé, l’éducation, et la justice, elle semble parfois déconnectée des réalités de terrain. Par exemple, l’article 23 sur le droit à la vie, bien qu’essentiel, peine à se traduire en actes concrets face à la pauvreté généralisée et aux conditions de vie précaires de nombreux Congolais. De même, la question de la gouvernance locale, inscrite dans la Constitution, reste un vœu pieux dans de nombreuses provinces, où les populations se sentent déconnectées du pouvoir central.
La priorité doit rester la justice sociale
Avant de se précipiter dans un processus coûteux de révision constitutionnelle, il est primordial de nous interroger sur nos priorités nationales. La justice sociale, la protection de l’environnement, et la sécurité des Congolais doivent être au cœur des préoccupations politiques. La révision constitutionnelle peut-elle être une réponse aux défis sociaux pressants ? Ou bien doit-elle être mise en attente pour laisser place à des politiques concrètes et efficaces qui amélioreront véritablement le quotidien des Congolais ?
En tant que citoyenne, je me fais un devoir de rappeler que de nombreux Congolais se sont battus pour obtenir cette Constitution, symbole de notre souveraineté retrouvée et de nos droits fondamentaux. Ce combat ne doit pas être réduit à une simple manœuvre politique. Le peuple congolais mérite des politiques qui répondent aux besoins essentiels : de la santé pour tous, des routes pour relier nos villages, une éducation de qualité pour les jeunes, et une gestion durable de nos ressources naturelles pour protéger notre environnement.
Une politique pour un Congo plus juste
Dans ce contexte, la priorité doit aller à la résolution des problèmes de base. Avant de discuter de modifications constitutionnelles qui risquent de détourner notre attention des urgences sociales, les autorités politiques doivent concentrer leurs efforts sur des solutions immédiates et concrètes. Il est crucial que notre politique repose avant tout sur la justice sociale, en garantissant un environnement de vie sain pour chaque citoyen, en assurant l’accès aux services essentiels et en protégeant nos ressources naturelles pour les générations futures.
En somme, réviser la Constitution peut être une étape nécessaire dans certains cas, mais cela ne doit en aucun cas devenir une distraction face aux défis urgents que rencontrent les Congolais au quotidien. La véritable réforme que notre pays attend est celle qui place les intérêts du peuple avant les considérations politiques, celle qui traduit les principes de justice sociale dans des actions concrètes et visibles. C’est là que réside, à mes yeux, la véritable urgence.