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vendredi, avril 18, 2025

Scandale sur le coltan : Une enquête accable le Rwanda, l’UE et la société luxembourgeoise Traxys

Une nouvelle enquête explosive de l’ONG Global Witness met en lumière un vaste système de pillage des ressources en République Démocratique du Congo (RDC), orchestré via le Rwanda et facilité par des entreprises européennes. Au cœur de ce réseau, la société luxembourgeoise Traxys, qui se retrouve désormais au centre d’un scandale international mêlant minerais de conflit, blanchiment et complicité politique.

Du coltan congolais aux marchés européens

Selon le rapport, 280 tonnes de coltan ont été importées en 2024 par Traxys depuis le Rwanda, via un partenariat exclusif avec African Panther, un exportateur rwandais accusé d’être impliqué dans le blanchiment de minerais issus de zones de conflit. Cette matière précieuse, indispensable aux technologies modernes, provient en grande partie de la mine de Rubaya, située en RDC et contrôlée par la milice M23.

La mine de Rubaya représente à elle seule 15 % de la production mondiale de coltan. L’ONU estime que jusqu’à 120 tonnes par mois de ce minerai sont transférées illégalement vers le Rwanda, brouillant toute traçabilité dans la chaîne d’approvisionnement. Ces flux massifs contribuent au financement des exactions du M23, déjà accusé de crimes de guerre et de déplacements forcés de populations.

Traxys et le masque de la conformité

Alors que Traxys se targue de respecter les normes internationales de diligence raisonnable, l’enquête révèle des pratiques opaques, sinon frauduleuses. Derrière des rapports de conformité soigneusement rédigés, l’entreprise aurait profité d’un système organisé de blanchiment de minerais en collaboration avec des acteurs rwandais, en violation des règlements sur les minerais de conflit.

L’Union européenne pointée du doigt

Plus choquant encore, l’enquête révèle que l’Union européenne, loin de condamner ce pillage, a signé un partenariat stratégique avec Kigali, tout en débloquant 900 millions d’euros pour renforcer sa coopération avec le régime rwandais. Un paradoxe pour une institution qui se veut garante des droits humains et de l’éthique commerciale.

Malgré les alertes répétées des Nations Unies et de la société civile, aucune sanction sérieuse n’a été prise contre le Rwanda. Ce manque de réaction renforce les accusations de complicité passive de l’Europe dans une guerre économique qui saigne la région des Grands Lacs.

Vers une prise de conscience ?

Alors que le monde dépend de plus en plus des minerais stratégiques pour la transition numérique et énergétique, cette affaire soulève une question essentielle : à quel prix sommes-nous prêts à alimenter nos technologies ? Et surtout, l’UE saura-t-elle encore se regarder dans le miroir de ses propres valeurs ?

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