Goma, RDC – Dans un contexte de forte instabilité dans la région du Nord-Kivu, des sources proches du gouvernement et des discussions diplomatiques révèlent que l’EAC-SADC (Communauté de l’Afrique de l’Est et Communauté de Développement de l’Afrique Australe) travaille activement à la mise en place d’une force mixte pour sécuriser les villes de Goma et Bukavu. Cette initiative découle des recommandations formulées lors du sommet conjoint EAC-SADC qui s’est tenu le 8 février dernier, dans le but de mettre un terme aux violences persistantes et d’instaurer une stabilité dans cette zone troublée.
Mission de la force mixte :
Selon les informations obtenues, cette force, d’une durée initiale de deux mois, serait principalement déployée pour sécuriser les deux principales villes du Nord-Kivu, Goma et Bukavu, confrontées à des menaces constantes de groupes armés. La force mixte devrait aussi assurer la protection des civils, le désarmement des groupes armés non étatiques, et la restauration de l’ordre public. Ce déploiement intervient après plusieurs mois de tensions et de combats entre les forces de l’armée congolaise, les milices locales et les rebelles du M23, ainsi que d’autres groupes armés opérant dans la région.
Réactions sur le terrain :
Le 25 février, lors d’une allocution devant la population de Sake, une localité proche de Goma, Bahati Erasto, gouverneur de la province du Nord-Kivu et porte-parole du mouvement AFC/M23, a fermement rejeté toute possibilité de retrait de la zone par son groupe. “Ce que je vous dis, on ne va aller nulle part. Nous sommes ici et nous devons construire chez nous. Dites à tout le monde que l’AFC/M23 ne va ni retourner ni reculer”, a-t-il déclaré devant une foule de partisans. Ces propos ont alimenté les craintes d’une escalade des tensions dans la région, déjà fragile.
Le M23, un groupe rebelle d’origine rwandaise, s’est installé dans plusieurs régions stratégiques du Nord-Kivu depuis 2012, avec des revendications territoriales et politiques complexes qui exacerbent les conflits dans l’est de la République Démocratique du Congo. Bien que le groupe ait signé plusieurs accords de paix par le passé, des affrontements sporadiques ont continué de ravager la région.
Un contexte de plus en plus tendu :
La mise en place de cette force mixte par l’EAC et la SADC s’inscrit dans un contexte où les initiatives diplomatiques peinent à résoudre la crise. La RDC, en particulier, fait face à des critiques croissantes concernant son incapacité à rétablir la paix dans l’Est du pays, où des milliers de civils continuent de souffrir. De nombreux acteurs régionaux appellent à une action rapide et décisive pour éviter une nouvelle détérioration de la situation humanitaire.
En parallèle, le soutien de la communauté internationale est crucial pour permettre à la mission de se concrétiser efficacement. Les Nations Unies, présentes au sein de la MONUSCO, apportent un appui logistique et stratégique, mais la présence de forces armées étrangères dans la région reste un sujet sensible pour certains secteurs de la population congolaise.
Une mission risquée :
Le déploiement d’une force mixte EAC-SADC, bien qu’essentiel à court terme pour contenir la violence, pourrait accroître les tensions entre les forces locales, les groupes armés et les civils. Le défi majeur sera de garantir que la mission ne devienne pas un terrain d’affrontement entre différents acteurs régionaux aux intérêts divergents, notamment entre la RDC, le Rwanda, l’Ouganda, et les groupes rebelles opérant dans la région.
L’avenir du processus de paix dépendra en grande partie de la capacité de cette force à imposer un cessez-le-feu durable et à instaurer la confiance parmi les populations locales, tout en désarmant les milices et en soutenant le gouvernement congolais dans la restauration de son autorité.