Par Jean Serge Tshiben Zakwisa, analyste en géopolitique et gouvernance, Kabiliste inconditionnel
« La paix n’est pas seulement l’absence de guerre, mais la présence de justice, de droit, d’ordre, de vérité, et surtout de volonté politique. » – Martin Luther King Jr.
« La diplomatie, c’est l’art de faire passer des idées avec politesse, mais avec fermeté. » – Talleyrand
Depuis son accession au pouvoir, Félix Tshisekedi a fait de la diplomatie un axe prioritaire de son action. Mais derrière les apparences d’un activisme international effréné se dessine un vide stratégique inquiétant.
Entre sommets internationaux, selfies présidentiels et accords sans lendemain, la diplomatie congolaise semble avoir basculé dans un exercice de communication, au détriment de la souveraineté nationale. Alors que le pays est confronté à une guerre larvée dans sa partie orientale, à l’exploitation désordonnée de ses ressources et à une pression internationale croissante, l’heure est à un bilan lucide. Et ce bilan est sans appel : le Congo recule sur tous les fronts diplomatiques.
- L’absence de vision : la diplomatie comme théâtre
Gouverner, c’est anticiper. Or, la politique étrangère actuelle donne le sentiment d’être dictée par les invitations extérieures plutôt que par une stratégie nationale. Là où la diplomatie devrait être un levier de puissance, elle s’est transformée en outil de représentation creuse.
Le Plan National Stratégique de Développement (PNSD), initié sous Joseph Kabila, aurait pu servir de boussole. Mais il a été abandonné. À sa place : des accords de façade et une recherche de reconnaissance internationale détachée des priorités du peuple.
- Des partenariats sans bénéfices pour les Congolais
Des dizaines d’accords ont été signés. Peu, voire aucun, n’ont été suivis d’effets tangibles. L’adhésion à la Communauté d’Afrique de l’Est (EAC) n’a apporté ni sécurité, ni développement. Les partenariats annoncés avec le Qatar, le Rwanda, l’Ouganda ou encore l’Égypte restent invisibles dans le quotidien des citoyens.
Pire encore, la sous-traitance de la sécurité nationale à des entités étrangères ou privées (dont certaines issues de sociétés controversées) remet en cause le principe même de souveraineté.
- Le cas du Rwanda : de la fermeté à la complaisance
Symbole du renoncement diplomatique : la gestion des relations avec Kigali. Alors que les rapports onusiens établissent un lien clair entre le Rwanda et le M23, le régime congolais a multiplié les gestes de normalisation, souvent en marge des grands forums internationaux. Les rebelles, pourtant responsables de crimes de guerre, ont été accueillis en grande pompe à Kinshasa.
Là où hier l’UDPS condamnait toute coopération avec Kigali, elle se livre aujourd’hui à une normalisation sans condition. Une politique de double discours dont les conséquences pourraient être dramatiques pour l’intégrité territoriale du pays.
- Une paix sous influence étrangère
Le 25 avril 2025, à Washington, un accord de principe a été signé entre Kinshasa et Kigali sous la médiation du Qatar et des États-Unis. Loin d’être un pas vers la paix, ce texte symbolise une capitulation politique : celle d’un État prêt à négocier avec ceux qui soutiennent l’agression de son territoire.
La paix ne peut être dictée de l’extérieur. Elle doit être le fruit d’une vision interne, d’un consensus national, et non d’arrangements diplomatiques imposés par des puissances aux intérêts divergents de ceux du peuple congolais.
- Une diplomatie à reconstruire, pour une souveraineté à restaurer
Aujourd’hui, la RDC n’est plus perçue comme un acteur central en Afrique, mais comme un terrain de manœuvres pour des puissances régionales et internationales. Son affaiblissement diplomatique est aussi un affaiblissement de sa souveraineté.
Face à cela, une refondation de notre politique étrangère s’impose. Elle doit être offensive, structurée, ancrée dans les intérêts fondamentaux de la nation, à l’image de la posture défendue par Joseph Kabila durant son mandat.
Conclusion : Redonner du sens à la diplomatie congolaise
« Une nation qui ne défend pas sa diplomatie prépare sa soumission. » – Jean-Marie Guéhenno
La RDC ne peut continuer à errer dans les méandres d’une diplomatie de façade. Il est temps de reprendre l’initiative, de défendre notre intégrité avec fermeté, et de reconstruire une parole congolaise crédible sur la scène internationale.
Le Congo mérite une diplomatie digne, indépendante et stratégiquement alignée sur les intérêts de son peuple. Le moment est venu de tourner la page des compromissions, pour écrire celle d’une souveraineté retrouvée.