En pleine crise budgétaire et alors que le gouvernement congolais affirme manquer de ressources pour financer certains projets structurants, les dépenses liées aux « frais secrets de recherche » continuent d’exploser. Selon une analyse des états de suivi budgétaire de la Direction des Politiques et de la Programmation Budgétaire, un service du ministère du Budget, la République Démocratique du Congo a consacré 734,7 millions USD à cette ligne budgétaire entre 2020 et 2024, soit un dépassement de 276 % par rapport aux prévisions initiales.
Une progression alarmante des dépenses
Les chiffres analysés par Finances & Entreprises révèlent une augmentation constante des fonds alloués aux frais secrets de recherche au fil des années. Alors que les prévisions budgétaires pour cette période s’élevaient à 428,9 milliards de CDF (environ 195 millions USD), les dépenses réelles ont atteint 1 613,8 milliards de CDF (environ 734,7 millions USD).
Détail des montants dépensés :
- 2020 : 125,1 milliards de CDF (environ 57 millions USD)
- 2021 : 301,8 milliards de CDF (environ 137 millions USD)
- 2022 : 532,3 milliards de CDF (environ 242 millions USD)
- 2024 : 720,5 milliards de CDF (environ 298 millions USD)
Les principaux bénéficiaires de ces fonds sont les institutions politiques (Primature, Assemblée nationale, Sénat) ainsi que plusieurs ministères dits régaliens.
Un manque total de transparence
Officiellement, les « frais secrets de recherche » sont censés financer des efforts en matière de recherche scientifique, technique, judiciaire ou encore sécuritaire. Cependant, dans la pratique des finances publiques en RDC, ce poste budgétaire est l’un des plus opaques, les institutions bénéficiaires n’ayant aucune obligation de justifier leurs dépenses.
À l’Assemblée nationale, par exemple, certaines primes et avantages accordés aux députés sont prélevés sur cette ligne budgétaire, sous la dénomination de « fonds invisibles ». Cette situation alimente les soupçons de détournements et de mauvaise gestion des deniers publics.
Une étude menée en 2018 par la société civile, avec l’appui du Projet de Renforcement de la Redevabilité et de la Gestion des Finances Publiques (PROFIT-CONGO), avait déjà mis en lumière le manque de transparence entourant ces dépenses. Financé par la Banque Mondiale, DFID (coopération britannique) et la coopération belge, le rapport concluait que cette rubrique budgétaire constituait un « angle mort » des finances publiques congolaises, facilitant des pratiques douteuses.
Une priorité budgétaire contestée
La flambée des frais secrets de recherche intervient dans un contexte où le gouvernement congolais peine à financer des projets structurants. Un exemple frappant est celui de la compagnie aérienne nationale Air Congo. Alors que l’État affirme ne pas disposer des moyens pour acheter des avions neufs, il a opté pour la location de deux appareils en leasing à hauteur de 250 000 USD par mois et par avion.
Cette situation illustre les contradictions dans la gestion des finances publiques. D’un côté, des centaines de millions de dollars sont dépensés sans contrôle, et de l’autre, des projets d’intérêt national sont retardés ou sous-financés faute de ressources.
Vers une réforme de cette ligne budgétaire ?
Face aux critiques de la société civile et des organisations internationales, des voix s’élèvent pour réclamer une réforme en profondeur du poste « frais secrets de recherche ». Une meilleure traçabilité des dépenses, l’obligation pour les institutions bénéficiaires de justifier l’utilisation des fonds et un contrôle accru par la Cour des comptes pourraient constituer des pistes de solution.
Cependant, dans un pays où la gestion opaque des finances publiques est souvent associée aux intérêts des élites politiques, la mise en œuvre de telles réformes risque de se heurter à de fortes résistances.
L’ avis que je pourrais émettre est de voir les politiques dire que nous aimons le Congo; pourtant des pratiques pareilles révèlent la haine contre le Congo, contre les Congolais.
Je suis Conseiller municipal de mon État, 14 mois bientôt mais resté impayé sous prétexte de manque des moyens financiers.
Nous affirmerons l’ hypothèse de savoir que les politiques aiment le Congo, quand ils aimeront les Congolais, cela par la démonstration d’ une bonne gouvernance et du partage équitable de nos richesses.