Le président de l’Assemblée nationale, Vital Kamerhe, est monté au créneau pour défendre Augustin Matata Ponyo, ancien Premier ministre, actuellement poursuivi pour détournement présumé de fonds publics. Kamerhe a interpellé publiquement le président de la Cour constitutionnelle, l’exhortant à respecter les procédures légales, en tenant compte de l’immunité parlementaire récemment acquise par Matata Ponyo en tant que sénateur élu.
« Le respect de l’État de droit commence par le respect des procédures », a déclaré Kamerhe, dans une intervention qui a rapidement fait le tour des médias congolais.
La semaine dernière, le Procureur général près la Cour constitutionnelle a requis une peine de 20 ans de prison contre Matata Ponyo, qu’il accuse d’avoir détourné près de 200 millions de dollars destinés au projet controversé de parc agro-industriel de Bukangalonzo, lancé durant son mandat à la tête du gouvernement entre 2012 et 2016.
La défense de l’ancien chef du gouvernement conteste non seulement les accusations, mais également la compétence même de la Cour constitutionnelle, affirmant que cette dernière ne peut juger un parlementaire sans une levée formelle d’immunité. Cette contestation jette une ombre sur la crédibilité du procès, à quelques jours du verdict prévu pour le 14 mai.
Le dossier Bukangalonzo est emblématique de la lutte contre la corruption en RDC, mais il soulève aussi des questions sensibles sur la politisation de la justice, notamment lorsqu’il concerne des figures majeures de l’opposition ou des anciens dirigeants.
L’appel de Vital Kamerhe, lui-même autrefois poursuivi pour des faits similaires avant d’être réhabilité, souligne les tensions croissantes entre les institutions politiques et judiciaires du pays à l’approche d’échéances politiques cruciales.