Le Centre des recherches en finances publiques et développement local (CREFDL) a publié ce vendredi un rapport accablant sur la gestion des projets d’infrastructures routières à Kinshasa. Selon l’enquête de l’organisation, plusieurs tronçons et avenues financés à hauteur de millions de dollars dans le cadre des programmes « Tshilejelu » et « Zéro trou » n’existent tout simplement pas, et ce, malgré les montants colossaux investis.
L’enquête a révélé que des avenues telles que Tshilombo et Lunionzo, supposées être situées dans la commune de Matete, ont été financées à hauteur de 1,7 million de dollars et 1,3 million de dollars, respectivement. Or, d’après le CREFDL, il s’avère que l’avenue Tshilombo est en réalité un simple arrêt de bus, tandis que Lunionzo est le nom d’un hôpital. Ces anomalies soulèvent de vives interrogations sur la transparence et la rigueur de la gestion de ces projets, ainsi que sur la véracité des informations fournies aux citoyens et aux instances de contrôle.
Le CREFDL a également pointé une augmentation inexplicable du budget pour la réhabilitation de l’avenue Kulumba (Masina-Limete), un tronçon de 6,8 kilomètres. Le coût initialement estimé à 32 millions de dollars a été révisé à la hausse, atteignant un total de 51,8 millions de dollars, sans explication convaincante. Cette inflation des coûts, associée à des dérives potentielles dans l’exécution des travaux, alimente les soupçons de mauvaise gestion et de détournement de fonds publics.
Des fonds non retracés dans les lois de finances
L’enquête met également en lumière un manque de transparence flagrant concernant les fonds alloués à ces projets d’infrastructures. En effet, le rapport indique que 171 millions de dollars ont été injectés pour la modernisation de la voirie urbaine à Kinshasa entre 2021 et 2023, dans le cadre des programmes Tshilejelu et Zéro trou. Cependant, ces fonds ne sont pas retracés dans les Lois de finances 2021-2023, et ne figurent pas dans les documents de reddition des comptes des exercices financiers de ces années.
De plus, les projets financés, d’un montant global de 70,5 millions de dollars, ont déjà consommé environ 40,9% de leur budget, dont une part substantielle — près de 40 millions de dollars — a été affectée à la phase initiale du programme Tshilejelu. La première phase du programme Zéro trou a, quant à elle, bénéficié d’un financement de 22,3 millions de dollars. Toutefois, l’absence de transparence et de suivi détaillé de l’utilisation de ces fonds soulève de sérieuses inquiétudes.
Des questions sur la gestion des fonds publics
Le CREFDL appelle le Parlement congolais à interpeller le ministre des Travaux publics, afin qu’il fournisse des explications détaillées sur la gestion de ces 70,5 millions de dollars investis dans les projets d’infrastructures à Kinshasa. Selon l’organisation, il est impératif que des mesures soient prises pour garantir que ces fonds publics aient été utilisés de manière transparente et dans le respect des normes de bonne gestion financière.
Des autorités sous pression
Face à ces révélations, la pression monte sur les autorités congolaises, notamment le gouvernement et les ministères responsables de la gestion des infrastructures. Le manque de suivi rigoureux et l’absence d’une véritable reddition des comptes pourraient entacher davantage la crédibilité des projets emblématiques du président Félix Tshisekedi, alors que des millions de dollars sont investis sans visibilité claire sur les résultats concrets pour la population de Kinshasa.
Dans un contexte où la lutte contre la corruption et les dérives financières devrait être une priorité, ce rapport du CREFDL met en lumière les failles dans la gestion des ressources publiques et appelle à une mobilisation citoyenne et parlementaire pour exiger des explications et des comptes aux responsables desdits projets.
Conclusion : un appel à la transparence
Alors que les Congolais aspirent à une meilleure qualité de vie et à des infrastructures dignes de ce nom, les révélations du CREFDL soulignent l’urgence d’une réforme en profondeur de la gestion publique des grands projets d’infrastructures. Les autorités congolaises doivent faire preuve de plus de transparence et de rigueur pour éviter que de tels scandales nuisent davantage à la confiance des citoyens dans leurs institutions.