Le 18 décembre 2024, une rencontre à Kinshasa a attiré l’attention de plus d’un des analystes politiques. Le ministre des Finances du gouvernement Suminwa , Doudou Fwamba, a eu une séance de travail qualifiée de « constructive » avec Adolphe Muzito, l’ancien Premier ministre et actuel opposant au régime en place.
Officiellement, l’objectif de cette réunion était d’aborder des problématiques liées à la stabilité macroéconomique, à la mobilisation des ressources extérieures et aux investissements publics. Néanmoins, en réalité, cette rencontre met en lumière une situation politique plus nuancée, avec Muzito jonglant habilement entre opposition et soutien implicite envers le pouvoir de Tshisekedi.
Muzito, une figure incontournable du paysage politique congolais, incarne la fusion paradoxale d’une opposition affichée et d’une proximité discrète mais significative avec le pouvoir en place. Ancien membre du gouvernement de Joseph Kabila et Premier ministre sous ce dernier, il n’a jamais cessé de critiquer le régime Tshisekedi, dénonçant sa gestion de l’économie et sa politique de développement. Pourtant, dans les coulisses, Muzito a toujours su se rapprocher des cercles de pouvoir.
Les échanges entre les deux hommes, apparemment empreints de respect et de convivialité, rappellent cette subtile danse politique où le vernis de l’opposition masque souvent des intérêts communs bien plus profonds.
Cette rencontre du 18 décembre, où les sujets abordés sont d’une grande importance pour l’avenir économique du pays, soulève des questions. Pourquoi Muzito, qui se présente comme un critique acerbe du gouvernement, semble-t-il prêt à participer à des discussions avec les autorités actuelles ?
Peut-être que la clé se trouve dans la duplicité politique caractérisant l’ancien Premier ministre. En tant qu’opposant, Muzito maintient une attitude critique envers le régime, lui assurant ainsi une légitimité auprès de ses partisans. Cependant, en homme politique pragmatique, il sait saisir les opportunités de négociations en coulisses avec un pouvoir qu’il n’a jamais entièrement rejeté.
Pourquoi, après avoir critiqué pendant des années les dérives économiques et politiques de Tshisekedi, choisit-il désormais de coopérer sur des sujets aussi essentiels que les investissements publics et la mobilisation des ressources extérieures ?
Dans l’histoire politique du Congo, on trouve de nombreux exemples de leaders de l’opposition qui, malgré leurs discours passionnés, ont fini par intégrer les structures du pouvoir.
Samuel MUTONI